“Fuyez ce monde-là. Accompagnez-moi dans mon petit monde.” Cette invitation sonne comme un refrain dans la bouche de Farid Ferragui qui l'adresse à son public à chaque début de concert. L'auditoire algérois y aura droit, jeudi et vendredi après-midi au TNA, avant celui de Sétif, Boumerdès, Ouargla et Oran. Ce monde, que le chanteur tient tant à partager, se résume en 5 petites lettres : amour. “Parce que les gens en ont besoin”, explique le chanteur, en visite à la rédaction de Liberté. Pour les novices, il faut savoir qu'on ne sort pas indemne d'un concert de Farid Ferragui. L'homme, habile luthiste et fort d'un magnétisme mystérieux, sait jouer sur la corde sensible : celle qui fait remplir de larmes les salles de concert. Comment procède-t-il ? Le chanteur expose sa théorie sur la question : “Je connais l'impact des mots sur la société. Avec mes mots, j'essaye de transmettre aux gens un message d'amour. Et quand il y a de la sincérité artistique, ce message passe…” L'une des raisons pour lesquelles Ferragui fait consensus autour de lui est aussi le fait de s'être assidûment éloigné, en 24 ans de carrière et 19 albums, des terrains minés de la politique. “Je ne peux pas faire de politique, mon parti à moi c'est l'amour, s'enorgueillit-il. C'est tout ce que je sais utiliser. Que chacun fasse son métier et les vaches seront bien gardées !” Règle de conduite à laquelle, toutefois, le chanteur a fait plusieurs fois entorse, tout au long de son parcours, faut-il toutefois le préciser. Alors que le drame de la Kabylie l'accule à annuler sa tournée en 2001, il chante le Printemps de Massinissa dans son album suivant, Edithagh igeni (laissez-nous le ciel, sorti en 2003). Et en 1986, épisode un peu oublié, à travers une chanson aux allures prémonitoires, il met en garde contre la “libanisation de l'Algérie”. Son prochain album sera dans les bacs vers la fin 2005. Les commentaires vont bon train, et on se demande, ici et là, “quel tour il va bien nous jouer cette fois-ci”. Les seules informations concédées par l'intéressé font état, pour le moment, de quelques bafouilles griffonnées sur des feuilles volantes. “J'entre en studio après la tournée”, lâche-il. Rare moment de confidence, le chanteur livre aussi, pour les plus curieux, ses impressions (les mêmes depuis 24 ans), en vrac, quelques instants avant le coup d'envoi de ses concerts : “J'ai le traque, je m'enferme dans ma loge, je me concentre, j'ai peur, je règle mon oud, je médite, je prie tout seul.” D. B. Farid Ferragui en concert, jeudi 12 et vendredi 13 mai à 15h, au TNA. Prix : 300 DA.