Alors que Sharon refuse de discuter du partage de Jérusalem, son chef de la diplomatie parle d'annulation de l'opération de désengagement de la bande de Gaza, si jamais le Hamas remporte les législatives palestiniennes. à chaque fois que des progrès sont enregistrés dans le processus de paix, Israël s'arrange pour dresser de nouveaux obstacles et menace tout simplement de revenir à la case départ. Le gouvernement de Sharon reste sourd à toutes les sollicitations des Etats-Unis, en particulier, et de la communauté internationale d'une manière générale. Il agit en ignorant totalement la feuille de route du quartette international, considérée comme la base de règlement du conflit, notamment par le président des Etats-Unis, George Bush. La dernière menace, ayant pour but de renier les engagements pris par le Premier ministre israélien pour un règlement définitif du confit, émane de Sylvan Shalom. En effet, le ministre israélien des Affaires étrangères a annoncé que le plan de séparation de la bande de Gaza sera annulé si le mouvement islamiste palestinien Hamas remportait les élections législatives. “Il serait totalement illogique de mener à bien le plan de retrait comme si de rien n'était. Il faut tout reconsidérer, à la lumière de ce qui se passe, et tenir compte du fait que le Hamas, qui ne cesse de se renforcer, veut détruire Israël”, a insisté le chef de la diplomatie israélienne. Il emboîtait le pas à son Premier ministre, qui annonçait, quelques heures auparavant, son refus à toute possibilité de partage de Jérusalem, l'une des principales revendications des dirigeants palestiniens pour la conclusion d'un accord de paix global et définitif. “Je n'ai aucunement l'intention de discuter du partage de Jérusalem avec les Palestiniens”, affirmait Ariel Sharon dans l'intention de pousser ses interlocuteurs à la faute. Ces déclarations confirment la liberté d'action de l'Etat hébreu dans la gestion du conflit israélo-palestinien. Ainsi, non satisfait d'avoir imposé au quartette international son plan unilatéral d'évacuation de la bande de Gaza, Israël retarde sa mise en œuvre à sa guise et menace même de l'annuler. À travers ces agissements, les observateurs voient une manière de vouloir imposer un Etat palestinien conformément à la volonté de Tel-Aviv. En effet, outre les restrictions territoriales traduites par le maintien des grandes colonies israéliennes en Cisjordanie, Ariel Sharon cherche maintenant à s'immiscer dans la vie politique palestinienne. Hier, l'Autorité palestinienne et le Hamas ont rejeté les déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères prônant l'annulation du retrait de Gaza en cas de victoire du groupe radical aux législatives, y voyant une ingérence dans les affaires palestiniennes. “Nous rejetons totalement ces déclarations qui démontrent le peu de sérieux d'Israël dans sa volonté d'appliquer le plan de désengagement et revenir à la table des négociations”, a déclaré le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, à l'ouverture d'une réunion du cabinet à Ramallah, en Cisjordanie. Les déclarations de Sylvan Shalom viennent allonger une série de mesures israéliennes visant à remettre les engagements pris antérieurement, à commencer par ceux du sommet de Charm El-Cheikh. En effet, le Chef du gouvernement israélien a refusé de libérer les prisonniers palestiniens, conformément aux accords conclus avec Mahmoud Abbas. Il ne fait aucun doute que ce sont là des démarches bien calculées par Ariel Sharon pour gagner du temps dans une première phase, dans l'espoir de trouver, par la suite, l'excuse pour tout remettre en cause. Elle est toute trouvée avec cette hypothétique victoire du mouvement Hamas lors des prochaines élections législatives palestiniennes. Il appartient, encore une fois, à la communauté internationale de réagir pour obliger le gouvernement israélien à respecter ses engagements, faute de quoi la paix s'éloignera davantage de la région. K. A.