Résumé : La famille de Mourad était modeste, et sa mère espérait qu'en épousant une femme active, il serait soulagé. Pourtant ce n'était pas le cas. Anissa apprendra aussi qu'il avait été marié deux fois. Elle s'enferme dans sa chambre et donne libre cours à ses larmes. Une fois calmée, elle se lève et prend son sac qu'elle ouvre pour vérifier si ses papiers et son téléphone portable étaient encore en sa possession. Mourad était si imprévisible dans ses réactions qu'il était capable de lui confisquer toutes ses affaires. Cependant, elle tombe sans peine sur son portefeuille et constate que son mobile était bien là. Sans plus tarder, elle forme le numéro de sa mère. À la troisième sonnerie, cette dernière décroche. -Allô. Ah, c'est toi Anissa ? J'allais justement demander à Ryma de t'appeler pour avoir de tes nouvelles. Comment vas-tu ma fille ? -Très mal, maman. Je crois que je vais ramasser mes affaires et rentrer à la maison. -Quoi ?! Mais tu n'y penses pas ! Tu veux revenir chez tes parents au lendemain de tes noces ! Que vont penser nos voisins ? Tu veux que ton père ait une attaque ? Tu veux nous tuer, Anissa ? C'est ça ta reconnaissance envers tes parents qui ne voulaient que ton bien ? -Maman. Maman, crois-moi, je vais mettre fin à mes jours si vous m'obligez à vivre avec cet homme. Il est infernal. Il m'a brutalisée. Il m'a agressée. -Il en a tous les droits. Ton père aussi me battait au début de notre mariage. Et je n'ai jamais levé le petite doigt pour me révolter. Nous sommes des femmes, Anissa, et nous devons subir. -Nous ne vivons plus à ton époque, maman, le monde a évolué. Agacée, sa mère rétorque d'une voix forte : -Pas de chichi, Anissa.Ton père se fait vieux, et il est malade. Ne lui rajoute pas tes ennuis. Il a fait son devoir et vous a toutes mariées pour avoir la conscience tranquille. Et maintenant, tu veux venir le malmener au lendemain de tes noces ? Mon Dieu, on a tout vu dans ce monde. Quelle ingratitude ! -Maman, tu n'as rien compris. -Moi, je n'ai rien compris ? Oh que si, ma fille. Je t'ai mise au monde, je t'ai élevée et je te voyais grandir tous les jours que Dieu fait, jusqu'à devenir une femme. Et maintenant, tu trouves que je ne comprends rien. -Je tente juste de t'expliquer qu'entre cet homme et moi, il y a un grand écart. Nous sommes incompatibles et nous ne pourrons jamais vivre ensemble. -S'il se plaint de toi déjà, je le comprend. À quoi donc pouvais-tu t'attendre ? Vivre comme ces actrices qui passent à la télé dans des feuilletons à l'eau de rose ? Anissa ! Nous vivons dans une société qui n'éprouve aucune pitié envers les femmes. Aucune compassion. L'homme peut passer, mais la femme, si elle trébuche, elle tombe et ne se relèvera plus jamais. Tu veux donc attirer la honte sur nous ? Je pensais que l'instruction allait faire de toi une femme accomplie, qui saura assumer son destin et démontrer qu'elle est cette fille de bonne famille, qui ne rechigne devant rien, et encore moins devant son destin. Je pense que je me suis trompée sur toute la ligne. Prends donc exemple sur tes sœurs. Ont-elles connu leurs maris ? Non. Elles se sont pourtant adaptées à leurs nouvelles familles et sont heureuses et comblées dans leurs ménages. Anissa dut subir longtemps les sarcasmes de sa mère. Chaque fois qu'elle était sur le point de raccrocher, la voix de cette dernière s'élevait de plus belle pour l'exhorter à assumer son destin et à obéir à son mari. Lui seul était maintenant son univers. Elle devrait s'habituer à sa présence, le respecter et exécuter toutes ses instructions, et surtout qu'elle ne s'amuse pas à quitter son foyer, sans lui avoir au préalable demandé l'autorisation. Et la liste des recommandations était bien longue. Anissa avait écouté sa mère sans broncher. Elle était déçue et ne savait quoi faire. Après avoir raccroché avec elle, elle se lève et défait ses valises, puis rejoint sa belle-mère dans la cuisine. Zahia avait fini de préparer le déjeuner et faisait sa lessive. La jeune femme s'approche d'elle. -Je peux t'aider ? (À SUIVRE) Y. H.