La commissaire européenne aux transports a plaidé dans la presse allemande pour l'introduction de péages urbains pour les véhicules diesels en Europe, afin d'éviter le recours à des interdictions de circulation jugées frustrantes. Alors que le débat sur les interdictions de circulation continue en Allemagne, pays qui vient de faire un pas vers le bannissement des plus vieux diesels en ville, Violeta Bulc a appelé Berlin à prendre des mesures. La commissaire européenne attend de voir "comment le gouvernement fédéral va réagir à la décision de la Cour administrative fédérale, qui a jugé possibles les interdictions de circulation", et invite l'Allemagne "à profiter du débat actuel pour agir au niveau européen et prendre des mesures communes". La Cour administrative fédérale, installée à Leipzig, a en effet confirmé fin février deux décisions de justice permettant à Stuttgart et Düsseldorf de mettre en place des interdictions de circulation afin d'assainir l'air, une mesure très impopulaire. Cette décision a levé l'obstacle planant sur de telles mesures dans d'autres villes allemandes tout aussi polluées. Depuis, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni font partie des 9 mauvais élèves de l'UE en matière de qualité de l'air. Mais Violeta Bulc aura droit à une réponse cinglante qui s'apparente à une rude bataille ! Et c'est le président de l'Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), Matthias Wissmann, qui sort de sa réserve pour répliquer en qualifiant ces déclarations de "pas sage". "Il n'est pas sage de vouloir interdire le diesel. L'avantage du diesel est très clair. Par rapport à l'essence, la performance du diesel en matière (d'émissions) de CO2 est réellement meilleure. La plupart des gens, y compris des responsables politiques, ne le savent pas", a déclaré M. Wissmann, lors d'une conférence de presse au salon de l'automobile de Genève. Selon M. Wissmann, les dernières générations de moteurs diesel apportent des améliorations notables. "Avec la nouvelle génération de diesel, à partir de la norme européenne Euro 6, nous pouvons résoudre les problèmes de NOx presque totalement, c'est pourquoi, selon nous, il n'est pas sage d'essayer d'interdire le diesel, ni au niveau d'une ville, ni au niveau d'un pays." Pour le patron de l'OICA, "les interdictions ne sont jamais une bonne solution. Il y a des solutions plus intelligentes (...) Il est certain que l'industrie doit faire ses devoirs et doit apprendre de ses erreurs, mais il est clair aussi que sur la prochaine décennie, nous aurons besoin autant de la voiture à essence que de la voiture diesel. Ce qui est clair aussi, c'est que les constructeurs automobiles font le maximum pour développer l'électrification des véhicules". F. BELGACEM