La délégation d'Amnesty International (AI) a eu à aborder plusieurs sujets avec les associations qu'elle a rencontrées. Il s'agit notamment de la question de l'amnistie générale, des droits de l'homme, des disparus, de la situation de la presse et des violences commises contre les femmes. C'est ainsi que Ali Merabet, le président de Somoud, l'association des familles des enlevés par les terroristes, qui a reçu mercredi la délégation, a expliqué que les discussions ont tourné autour de trois sujets : l'amnistie générale, les femmes violées et le mécanisme ad hoc de Farouk Ksentini sur les disparus. “Ils ont voulu savoir la position de la société civile par rapport à l'amnistie générale, nous leur avons dit que la position de principe de Somoud est d'être contre l'amnistie des crimes de sang”, a expliqué Merabet avant d'indiquer dans ce cadre que “si pardon il y a, c'est aux victimes du terrorisme qu'il revient de pardonner”. Exprimant sa revendication d'une “justice de transition”, le président de Somoud a relevé la nécessité pour les terroristes d'“avouer leurs crimes, de les regretter et de demander pardon à la société”. Abordant le mécanisme ad hoc sur les disparus, notre interlocuteur a expliqué à AI l'exclusion des personnes enlevées par les groupes terroristes du rapport Ksentini. S'agissant de la situation des femmes violées, Merabet indiquera que “nous avons expliqué à AI que la situation des femmes violées est intolérable étant entendu qu'elle présente un problème considéré comme tabou en Algérie”. Sur cette même question, des associations de femmes ont été saisies par AI à l'image de Tharwa N'fathma N'soumer et de SOS femmes en détresse. Ourida Chouaki, la présidente de l'association Tharwa N'fathma N'soumer qui a rencontré avant-hier la délégation de l'ONG des droits de l'homme indique qu'elle a abordé “les différents aspects de la violence dont est victime la femme en Algérie, des cas concrets de cette violence et le rapport sur l'élimination des discriminations à l'égard des femmes”. Les amendements du code de la famille récemment adoptés par le parlement ont été considérés “insuffisants” par cette militante des droits des femmes. “Nous ne sommes pas satisfaites et nous demandons à ce que les réserves sur la convention de Copenhague soient levées”, insiste-t-elle. Myriam Belala, la présidente de SOS femmes en détresse, qui a rencontré AI, la semaine dernière, dira de son côté qu'elle a évoqué les formes de discrimination à l'égard des femmes : “nous avons parlé du problème des femmes divorcées par rapport au code de la famille, de la situation des femmes célibataires et de leur problème de logement et de la difficulté de scolarisation de leurs enfants ainsi que de toutes les formes de violence subies par les femmes”, a expliqué Mme Belala. Contacté pour sa part, Ali Yahia Abdenour, le président de la ligue algérienne des droits de l'homme a indiqué qu'il a abordé toutes les questions liées aux droits de l'homme avec AI : “la situation de la liberté de la presse et le cas Benchicou, la situation de la femme, le problème des détenus de Ghardaïa et la situation des droits de l'homme”, a-t-il précisé. Amnesty compte également prendre attache avec d'autres organisations notamment Djazairouna, l'association des familles des victimes du terrorisme de Blida qui rencontrera cette ONG mardi prochain. “Les membres du bureau de Djazairouna se sont rencontrés lundi dernier et ont décidé à la majorité de rencontrer AI et de l'interpeller sur les raisons qui font qu'elle n'a jamais consigné dans ses rapports les témoignages des familles victimes du terrorisme”, notera Chérifa Khedar, la présidente de Djazairouna. N. M.