La délégation d'Amnesty International (AI) rencontrera, samedi prochain, Me Farouk Ksentini, le président du mécanisme ad hoc portant sur la question des disparus et président de la commission consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CCPPDH). L'objet de la rencontre porte sur le débat autour des questions liées aux droits de l'homme. N'ayant pas été informé de l'ordre du jour de la rencontre, Me Farouk Ksentini pense, néanmoins, qu'il s'agit des questions touchant “aux violations des droits de l'homme, au dossier des disparus, à la loi sur le statut personnel de la femme et à l'amnistie générale”. à l'occasion de cette rencontre, qui aura lieu en présence du chef de la délégation d'AI qui arrivera en Algérie, jeudi prochain, Me Ksentini tentera, nous dit-il, de “les conduire à avoir une position objective et non dithyrambique sur l'Algérie”. La question de l'amnistie générale, Ksentini explique que ce projet présidentiel est de nature “à ramener la paix civile”. Ce n'est pourtant pas l'opinion d'Amnesty International. Dans une déclaration rendue publique le 14 avril dernier, AI ainsi que la fédération internationale des droits de l'homme et Human Rights Watch ont considéré que “la proposition, par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, d'une amnistie générale pour les auteurs d'atteintes aux droits humains, pourrait priver définitivement les victimes et leur famille de leur droit à la vérité, à la justice et à des réparations”. Aussi et tout en soulignant l'opacité du projet d'amnistie générale, ces organisations précisent que “certaines déclarations officielles indiquent que la loi exemptera de poursuites les membres des groupes armés, des milices armées par l'Etat et des forces de sécurité pour les délits commis durant le conflit, y compris les atteintes graves aux droits humains”. Sur la situation de la femme en Algérie, Me Farouk Ksentini déclare expliquer à AI que “même si les derniers amendements portés au statut personnel de la femme ne représentent pas une révolution, c'est tout de même une évolution”. La position d'AI sur cette question est également aux antipodes de celle de Ksentini. Dans un rapport de trente-huit pages adressé aux Nations unies le 10 janvier dernier, Amnesty International met en évidence “la passivité du gouvernement algérien face aux viols, aux coups et à la discrimination économique et juridique dont sont victimes les femmes en Algérie”. Aussi, dans son rapport au Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, Amnesty International indique que “les femmes ont peu de chance d'obtenir justice et réparation pour les violences dont elles ont souffert” tout en précisant que “la législation et les pratiques actuelles continuent de refléter une certaine discrimination à l'égard des femmes et facilitent même la violence à leur égard”. Abordant la question des disparus, Me Ksentini dira qu'il y a “une grande avancée par rapport à cette question puisqu'elle n'est plus considérée comme un sujet tabou et que l'état l'a prise en charge”. Par ailleurs, la délégation d'AI devra rencontrer, aujourd'hui, l'association Djazaïrouna, des familles victimes du terrorisme de Blida. Hier, elle était à Laghouat où elle a rencontré des familles de disparus dans cette wilaya. N. M./L. G.