Le président de l'Entente de Sétif, Hacen Hamar, revient sur les graves incidents ayant émaillé la demi-finale de la coupe d'Algérie qui a opposé, vendredi à Constantine, la JSK au MCA, et s'interroge sur la programmation de cette chaude rencontre au stade Chahid-Hamlaoui : "Avant de parler du match JSK-MCA, je suis en droit de m'interroger sur le maintien de cette rencontre alors que l'Algérie était en deuil après le drame de Boufarik qui a fait 257 victimes. Il ne fallait pas jouer ce match par respect aux morts de cette lourde tragédie. Qui a pris la décision de faire jouer ce match ? Pour moi, c'est anormal de jouer cette rencontre dans des moments pareils, ensuite il faut que cette fédération nous montre qu'est-ce qu'elle est en train de faire, on doit absolument être associés aux décisions qui engagent l'avenir de notre football, nous sommes les principaux acteurs, il faut qu'on nous consulte. Si on nous avait consultés, on aurait probablement évité cette catastrophe de Constantine. Hélas ! Personne n'a demandé notre avis, pourtant c'est nous qui sommes sur le terrain. Il y a cet autre aspect qui m'a laissé perplexe, tout le monde sait qu'entre le MCA et le CSC, rien ne va plus, la commission de la coupe d'Algérie aurait dû prendre les mesures nécessaires pour éviter un tel drame, il fallait carrément délocaliser ce match pour plusieurs raisons, à titre d'exemple. L'équipe nationale a déjà joué à Constantine : tout le monde avait vu comment les supporters du CSC s'en sont pris à Chaouchi. La même chose s'est déroulée au stade du 5-Juillet lorsque les supporters du MCA s'en sont pris à leur tour à Rahmani (gardien du CSC) avec l'équipe nationale. À partir de ces données, la FAF devait refuser le stade de Constantine, même si la JSK l'avait choisi, la fédération avait le pouvoir de ne pas accepter ce choix. Ensuite, cette énigmatique décision de n'accepter que les stades qui contiennent plus de 20 000 places à partir des quarts de finale, c'est du n'importe quoi. La JSK avait joué deux finales de coupe d'Afrique sur son stade, comment se fait-il que subitement ce stade de Tizi Ouzou soit devenu indésirable ? Qu'on nous explique cette démarche tordue qui ne rime à rien du tout, cela démontre qu'on navigue à vue au niveau de cette commission de coupe d'Algérie qui a complètement chamboulé le déroulement des matchs de coupe d'Algérie, dont elle assume les conséquences." "La commission de coupe d'Algérie est responsable de tout ça" C'est ce que dénonce Hacen Hamar qui estime par ailleurs que la violence ne peut se dissocier de la situation sociale des jeunes Algériens qui viennent au stade pour se défouler et transmettre des messages parfois codés aux pouvoirs publics pour les interpeller sur les problèmes qu'ils rencontrent quotidiennement dans leur vie. "Il faut que les gens sachent que le football est devenu par excellence un phénomène social, ce ne sont pas les docteurs d'Etat ou les architectes qui se déplacent chaque week-end aux stades, ce sont pour la majorité les jeunes démunis qui viennent se défouler, ce n'est pas forcément la défaite qui les rend furieux, ce sont les grands problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés quotidiennement qui les font réagir à leur manière, c'est un problème de fond que les pouvoirs publics doivent impérativement pendre en charge, et être à l'écoute des jeunes. Il est temps que chacun assume ses responsabilités, il y en a marre de cette violence qui va crescendo en cette fin de championnat, même si je préconise le huis clos pour le reste des matchs, ce n'est pas la solution idoine. Plusieurs mesures ont été prises en vain, qu'est-ce qu'il faut faire ? La violence dans nos stades ne date pas d'aujourd'hui, il faut que les spécialistes s'associent pour trouver les vraies solutions afin d'attaquer le mal aux racines, pas superficielles, comme on a vu ces derniers temps, il faut aller au fond des choses. Les chaînes privées de télévision doivent cesser de jeter de l'huile sur le feu, les déclarations des joueurs et autres présidents ne doivent pas aller vers l'encouragement de la violence", exige l'homme qui a permis à l'ESS de jouer son premier Mondial des clubs en 2014. Il préconise en outre une rencontre de toutes les parties belligérantes pour apaiser les esprits. "J'ai entendu parler de la prison, pour moi ce n'est pas la solution adéquate pour régler ce problème, il faut d'autres moyens plus efficaces pour lutter réellement contre ce fléau. Enfin, j'invite ceux qui ont la charge du dossier de notre football de convoquer la JSK, le MCA et le CSC autour d'une même table pour se parler les yeux dans les yeux et calmer un peu les esprits, car au train où vont les choses, je crains le pire à l'avenir si rien n'est entrepris par la FAF et les pouvoirs publics", conclut Hamar. R. A.