Les scènes de violence dans les stades et les envahissements des terrains de football font désormais partie du décor footballistique national. Chaque week-end qui passe apporte son lot de morts, de blessés parmi les supporters et de dégâts matériels considérables, que cela soit à l'intérieur ou à l'extérieur des enceintes sportives. En fait, le football est devenu une pratique très dangereuse en Algérie, une atteinte sérieuse à l'ordre public et à la sécurité des citoyens tout simplement. Depuis au moins 20 ans, ce véritable fléau a pris des proportions graves, écorchant toujours un peu plus l'image du pays. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais il s'est largement enraciné dans le milieu du football national. Samedi, à l'issue des scènes déplorables du stade Hamlaoui de Constantine, à l'occasion de la rencontre de Coupe d'Algérie JSK-MCA, le très sérieux journal anglais The Sun s'est fait l'écho de la bête immonde qui sévit dangereusement en Algérie. Le tabloïd parle de scènes terrifiantes sur fond de répression brutale de la police dans un jour de deuil national suite au crash de l'avion militaire de Boufarik qui a coûté la vie à 257 Algériens. C'est dire que l'onde de choc de tels évènements dramatiques dépasse les confins du pays et suscite des réactions négatives à l'étranger. Cependant, le plus grave dans ce dossier, c'est l'incapacité des dirigeants qui se sont succédé, que cela soit à la FAF, au MJS ou à l'Intérieur, à prendre des mesures ou à présenter des plans fiables pour enrayer la violence dans les stades algériens. En dépit d'un arsenal juridique (loi sur le sport) qui criminalise cette violence et une série de mesures prises par des différents comités intersectoriels, la lutte contre ce fléau ne gagne guère du terrain. Pis encore, elle semble perdue pour le moment. Chaque fois que cette violence dans les stades atteint des pics intolérables, les responsables s'empressent d'organiser des débats et des rencontres, prennent des mesures qui malheureusement restent lettre morte. D'abord en raison d'un travail au double volet prévention et répression qui reste largement insuffisant. L'exemple de l'organisation du match JSK-MCA au stade Hamlaoui de Constantine est à ce titre éloquent. Au moment où tout le monde savait que ce rendez-vous constituait un risque majeur en raison de l'animosité entre les deux galeries du MCA et du CSC, la FAF, organisatrice de la Coupe d'Algérie, a laissé faire, ouvrant la voie à tous les dérapages. La FAF qui possède un pouvoir discrétionnaire en matière de domiciliation des matchs que lui confère ses statuts a fermé les yeux devant un drame annoncé. En outre, les différentes mesures prises notamment par le MJS pour améliorer le confort des supporters et combattre les fauteurs de troubles (et ils sont très souvent une minorité) n'ont pas été matérialisées sur le terrain. Jusqu'à aujourd'hui, presque aucune caméra n'est installée dans nos stades au moment où certains rêveurs offrent leurs services pour aider le voisin marocain à organiser la Coupe du monde. Aucun fichier des hooligans n'a été établi par la police pour ordonner des interdictions de stade salutaires. Que cela soit donc au niveau de la prévention ou de la répression, la lutte perd du terrain au profit de la bête immonde qui, elle, ne recule pas. C'est assurément une question encore une fois de volonté politique défaillante, pour ne pas dire inexistante pour combattre ce désastre ! S. L.