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Un projet de loi criminalisant la violence dans les stades en réflexion au MJS Afin de lutter contre ce hooliganisme qui gangrène le sport-roi national
Béjaïa, El-Eulma, Constantine, Chlef, Bordj Bou-Arréridj… L'initial championnat national n'a pas encore amorcé son tout premier virage significatif que des foyers de tension se sont rallumés comme pour rappeler à tous ceux qui suivent ce sport de près que le changement de statut ne rime pas forcément, ni automatiquement avec civilisation spontanée ou abandon des vieux et destructeurs réflexes. Enracinée et ancrée dans les mœurs des galeries de supporters de tout horizon, la violence dans les stades algériens est encore présente en force en ce début de saison où le professionnalisme a été érigé en mode de gestion général. Béjaïa, d'habitude si xénophile et si accueillante, a montré la pire voie à tous les autres pensionnaires de l'élite professionnelle et souillé la belle image que les visiteurs se faisaient de la vallée de Yemma Gouraya par la faute d'un comportement irresponsable d'une partie de son public lors de la réception de l'Entente de Sétif. À El-Eulma, des fidèles du club local ont, de leur côté, encore une fois, démontré qu'ils n'étaient pas encore assez matures à même de leur “confier” l'animation d'un choc entre voisins, rappelant qu'en matière de hooliganisme, ils n'avaient plus rien à apprendre. À Constantine, Sanafir du CSC et Mocistes du Mouloudia contribuèrent, à leur façon, à tourner, fatalement, au ridicule le derby de la ville qui ne mérite aucunement que l'on s'y attarde, ni pour le piètre et désolant spectacle sur le terrain ni encore pour le massacre humain qu'il y a eu dans les tribunes. En matière d'autodestruction, les Constantinois ont fait fort.Vraiment fort. Tout comme le public de l'ASO Chlef qui a bien feinté l'hospitalité et le fair-play envers la délégation du Mouloudia d'Oran devant les caméras de la Télévision nationale avant de lui réserver une sortie de ville infernale et digne des guet-apens à l'ancienne, à coups de pierres et de barres de fer. Les Belcourtois du Chabab n'eurent, de leur côté, pas droit à un meilleur traitement à Bordj Bou-Arréridj, la réputée capitale des Bibans où, tragiquement, toutes les portes de la sportivité entre rivaux du jour leur ont été fermées au nez, réapprenant à leur insu à courir dans les rues et les ruelles pour échapper aux matraques et armes blanches des noirs d'esprit supporters locaux. En un mot comme en plusieurs, la bête immonde, nourrie au mamelon de la bêtise humaine, a plus que jamais étendu ses tentacules, mettant en péril la pérennité des personnes, de certains clubs et même de ce sport devenu par la force des choses et l'irresponsabilité grandissante d'un public qui n'en est pas vraiment un, dangereux et à la nocivité avérée. Cela devient d'autant plus inquiétant et tellement alarmant que les pouvoirs publics, agacés et mis à mal par ce “fléau” social, ont fini par réagir. “La complémentarité et la cohésion dans les actions sont indispensables pour combattre ce fléau dans tous ses aspects. Les autorités publiques et les instances sportives sont condamnées à travailler la main dans la main pour atteindre cet objectif”, a estimé d'ailleurs le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, dans une allocution d'ouverture d'un séminaire organisé au siège du Comité olympique algérien par la Ligue algéroise de volley-ball en partenariat avec la direction de la jeunesse et des sports et loisirs de la wilaya d'Alger à l'occasion de la Journée internationale de la tolérance. “La famille, l'école, la mosquée et d'autres institutions ont un rôle important à jouer. Il nous faut une véritable — touiza — (volontariat) pour en finir avec ce problème. Les lois, à elles seules, ne suffisent pas”, a également souligné le ministre. Tout en indiquant que “cette violence, qui n'est pas une caractéristique de l'Algérie, a pénétré le domaine du sport en Algérie, dans le sillage de la tragédie vécue par le pays dans les années 1990”, le MJS estimait, à ce propos, que “pour combattre le fléau dans les stades, il faudrait au préalable régler les insuffisances qui caractérisent le domaine du sport actuellement, entre autres, la nécessité d'une complémentarité entre les partenaires du mouvement sportif national, l'amélioration à tous les niveaux de la gestion et de l'organisation, la formation des jeunes talents et la promotion du sport scolaire”. Décidé à s'impliquer le plus efficacement possible, le ministre de la Jeunesse et des Sports devrait, d'ailleurs, proposer incessamment un projet de loi à ce propos, question de “criminaliser” la violence dans les stades et se doter de moyens conséquents de telle façon à juguler cette intenable violence sportivo-urbaine. En cogitation dans les bureaux du ministère, ce projet de loi ne pouvait, du reste, pas mieux intervenir en ces temps de réveil brutal des “ultras”, après une saison sportive rendue relativement calme par les prouesses désormais historiques d'une équipe nationale retrouvée. Il ne reste, toutefois, qu'à espérer que cet embryonnaire, prometteur et tellement significatif projet de loi ne connaisse pas le même sort que les autres résolutions, décisions et réflexions des innombrables conseils interministériels et commissions ad-hoc, restées inexplicablement lettre morte, au moment où la “bête” se réveille et commence dangereusement à angoisser et à terrifier ceux qui font de ce sport un mode vie…