L'ouverture d'un laboratoire d'analyses médicales à Sétif semble n'obéir à aucune loi. Elle connaît une anarchie totale. Contrairement à d'autres spécialités dont la pharmacie, l'absence de numerus clausus et lois strictes pour l'ouverture d'un laboratoire compromet l'organisation de cette activité sensible dédiée à la prévention et au pronostic notamment. En effet, cela fait quelques mois que les laboratoires poussent comme des champignons, à travers les quatre coins du chef-lieu de la wilaya de Sétif. La loi 85/05 du 16 février 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé permet, certes, aux diplômés de pas moins de 10 disciplines de solliciter une demande d'agrément pour l'ouverture d'un laboratoire d'analyses médicales, cependant l'esprit, voire les articles de cette loi devenue obsolète ne sont pas respectés par les responsables. "À Sétif, à l'instar d'autres wilayas, cette spécialité connaît une anarchie totale et semble échapper à tout contrôle. Certains propriétaires de laboratoires ne remplissent même pas les conditions pour l'ouverture d'un laboratoire d'analyses, à savoir la maîtrise des différentes disciplines des spécialités. C'est une grave erreur", nous dira un praticien de la santé qui nous a indiqué que les mono-spécialistes ne peuvent assurer que la spécialité indiquée sur le diplôme. "Un spécialiste en hématologie ne doit faire que de l'hématologie, un autre diplômé en immunologie ne doit faire que l'immunologie, un autre détenteur d'un diplôme en biochimie doit faire de la biochimie et ainsi de suite", nous dira un généraliste exerçant dans le public. Et de renchérir : "Chaque discipline, dont l'hématologie, la biochimie médicale, la microbiologie médicale, la parasitologie mycologie médicale, l'histologie, la biologie clinique, l'embryologie, l'immunologie médicale, comporte une liste très longue des examens pratiqués." Outre la maîtrise technique, le spécialiste doit aussi avoir une connaissance de la biologie et de la pathologie permettant d'interpréter ou, du moins, aider le médecin à interpréter les résultats. Pis encore, certaines spécialités n'ont rien à voir avec la biologie médicale, et les malades qui n'ont pas une grande culture ne peuvent se rendre compte de la gravité de la chose. Un pharmacien sous le couvert de l'anonymat a indiqué à Liberté que les responsables de la santé, en dépit de l'existence de lois autorisant l'ouverture de laboratoires d'analyses aux diplômés dans différentes spécialités, peuvent gérer le dossier d'une manière rationnelle en fonction des spécificités de chaque wilaya afin d'assurer de meilleures prestations. "Les responsables peuvent regrouper les dossiers à la direction de la santé de wilaya et les étudier au cas par cas en fonction des régions, tout en insistant sur le respect des spécialités. Une planification rigoureuse doit être mise en place afin de mettre fin à l'anarchie qui règne", nous dira un pharmacien. Et de préciser : "Dans une wilaya comme Sétif, la priorité doit être donnée à certaines spécialités. Cela garantira de meilleures prestations, et du coup une meilleure prise en charge des malades." F. SENOUSSAOUI