Les diplomates de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont entamé, hier matin, une réunion à La Haye pour parler de l'affaire Skripal, un ex-espion russe empoisonné en Angleterre, a indiqué une source diplomatique. L'ambassadeur britannique aux Pays-Bas, Peter Wilson, ainsi que de hauts diplomates russes, américains et français, ont pris part à cette réunion. La réunion à huis clos a été convoquée par le Royaume-Uni, alors que les inspecteurs de l'OIAC ont confirmé que Sergueï Skripal et sa fille avaient été empoisonnés à Salisbury le mois dernier par un agent innervant, inoculé, selon Londres, sous forme liquide et en très petite quantité. L'OIAC n'a toutefois pas établi de responsabilités dans cette affaire. Le Royaume-Uni a dénoncé lors de cette réunion "le comportement irresponsable de la Russie qui viole l'interdiction mondiale des armes chimiques" et "menace la sécurité mondiale", a déclaré l'ambassade britannique auprès de l'OIAC dans un tweet, désignant à nouveau la Russie comme "le seul" responsable de l'empoisonnement. La Russie a clamé de son côté son innocence. Selon le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, l'OIAC a trafiqué les résultats de son enquête sur l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal pour accuser la Russie. Selon Sergueï Lavrov, qui a indiqué que la Russie a reçu ces informations de manière confidentielle, le laboratoire suisse de Spiez, spécialisé dans les menaces chimiques, a envoyé à l'OIAC les résultats de son analyse à partir d'échantillons prélevés à Salisbury (sud de l'Angleterre), où Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonnés. "La substance BZ a été découverte dans tous les échantillons. Le BZ est un agent neurotoxique (...), cette substance était en service en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d'autres pays de l'Otan. Elle n'a jamais été utilisée en URSS et en Russie", a-t-il ajouté. "Le BZ n'est pas mentionné dans le rapport de l'OIAC. Nous nous demandons pourquoi cette information, qui reflète les conclusions des spécialistes du laboratoire de Spiez, a été omise dans ce document", a poursuivi le chef de la diplomatie russe. "Et si l'OIAC réfute sa collaboration avec le laboratoire de Spiez, il sera intéressant d'écouter leurs explications", a encore déclaré M. Lavrov. L'empoisonnement de l'ex-agent double russe et de sa fille a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou d'un côté et Londres et ses alliés occidentaux de l'autre, se traduisant par la plus grande vague d'expulsions croisées de diplomates de l'histoire. R. I./Agences