Sûr de lui, l'ex-maître de Bagdad confirme son entrevue avec Donald Rumsfeld et avertit que la résistance ne cessera pas tant que les forces de la coalition occuperont l'Irak. Se disant bercé par le bruit des déflagrations quotidiennes, Saddam Hussein affirme être en possession de tous ses moyens depuis l'amélioration de ses conditions de détention. En dépit de l'isolement dont il fait toujours l'objet et l'interdiction de recevoir des visites de ses proches, le président irakien déchu semblait avoir un excellent moral, selon son avocat Khalil Al Dilmi, qui a réalisé avec lui l'entretien publié dans l'édition d'hier de l'hebdomadaire égyptien Al Ousboue. Le raïs a confirmé sa rencontre avec le secrétaire d'Etat US à la Défense, ainsi que son offre de lancer un appel sur le petit écran pour la cessation des attaques de la résistance en échange d'un exil doré. Au sujet des développements de la situation sécuritaire en Irak, Saddam Hussein rappellera : “J'avais prévenu que les Américains allaient commettre une grave erreur en occupant l'Irak, parce que mon peuple n'accepte pas d'être dirigé par un étranger. Je savais ce que je disais lorsque j'ai affirmé que les Américains et la coalition allaient droit au suicide sur les murs de Bagdad. La véritable guerre ne consistait pas en l'occupation de l'Irak, mais elle a commencé au lendemain de l'occupation. Nous en étions conscients, car on n'avait pas les moyens d'y faire face après quatorze années d'embargo. Nous nous sommes préparés en conséquence pour entamer la résistance.” Interrogé sur ses conditions de détention, le raïs précisera que depuis la visite de Donald Rumsfeld, il a constaté une nette amélioration. Ceci dit, il ne manquera pas de préciser qu'il est toujours privé de visite de ses proches. “Je suis coupé du reste du monde, et mes droits de détenus ne sont pas respectés par mes geôliers. Cela montre la réalité des Américains, qui se prétendent les champions des libertés et des droits de l'Homme”, confiera-t-il à son avocat. Dans le même ordre d'idées, il avouera avoir fait l'objet de plusieurs tentatives de pression et d'intimidation dans sa cellule dans l'espoir d'obtenir de lui des informations. La dernière en date a été la venue de deux agents qui voulaient lui soutirer des renseignements “sur les prétendues armes de destruction massive que Bush et Blair ont créées de toutes pièces”. “Je leur ai répondu qu'il fallait interroger l'armée américaine qui vous dira si elle a trouvé quelque chose ou s'il ne s'agit que de simples inventions du président américain et du Chef de gouvernement britannique”, a affirmé Saddam. Au sujet des actes de torture des soldats américains sur les prisonniers irakiens à Abou Ghraïb, il a affirmé que ce qu'ont fait les militaires US ne l'avait guère surpris, tout en regrettant le silence coupable de certains de ses compatriotes. En réponse à une question relative à l'avenir de l'Irak, l'ancien président irakien affirme avoir “une foi inébranlable en la victoire, et la résistance féroce de son peuple depuis maintenant plus de deux années en est la meilleure preuve. Dans ce cadre, je lance un appel à tous les enfants de l'Irak et aux résistants d'unir leurs rangs pour faire échouer l'ennemi et remporter la victoire”. Continuant sur sa lancée, il ajoutera : “Tous les Irakiens savent qui est derrière la résistance et qui la dirige. Cela peut échapper à un étranger et à ceux qui doutent des capacités de la résistance, mais pas au peuple irakien. Ils n'ont qu'à attendre pour voir ce qui les attend de la part de nos héros. Les prochains jours réservent beaucoup de surprises et la résistance ne s'arrêtera que lorsque cessera l'occupation avec le retrait des forces américaines et leurs alliés qui ont sali la terre d'Irak.” Quant à la position de la Ligue arabe au sujet de la guerre menée contre l'Irak, l'ancien chef de l'Etat pointera du doigt le secrétaire général de cette instance. “Je reproche à la Ligue arabe et à Amr Moussa l'absence de clarté dans ses positions après la chute de Bagdad. Il n'a jamais adopté une position nette et je ne comprends pas le secret de ce silence”, dira-t-il. K. ABDELKAMEL