Les médecins biologistes se joignent à la grogne ambiante. Tout comme les pharmaciens, mais pour des raisons qui leur sont propres, ils s'élèvent contre le projet de loi sanitaire débattu, il y a quelques jours, à l'APN. En effet, le projet de loi sur la santé publique ne propose pas de réparer ce que les biologistes considèrent comme une erreur commise en 2008 par le ministre de la Santé de l'époque, Amar Tou, qui avait autorisé l'ouverture de laboratoires d'analyses médicales polyvalents. Cette réglementation est maintenue inchangée par le département de Mokhtar Hasbellaoui qui n'aurait pas pris en compte les revendications des biologistes. Ces derniers, constitués en collectif, ont récemment adressé une correspondance au ministère de la Santé, dans laquelle ils s'insurgent contre ce qu'ils ont qualifié d'"injustice". Selon ledit document, dont Liberté détient une copie, ce collectif indique qu'il est "primordial de réglementer l'exercice de la biologie médicale pour que chacun puisse exercer ce pour quoi il a été formé durant son cursus et faire bénéficier la population de ses compétences sans piétiner le domaine des autres pour des raisons purement pécuniaires au détriment de la santé du malade", est-il mentionné. Ensuite, les rédacteurs du document interpellent le ministre sur cette anomalie et l'anarchie qu'elle engendre dans le secteur. "Trouvez-vous rationnel de demander à un microbiologiste de lire un frottis sanguin et de poser le diagnostic d'une leucémie ? Ou à un biochimiste d'interpréter une culture bactérienne ? Ou à un toxicologue de lire et d'interpréter une électrophorèse des protéines ? Et d'orienter ainsi le clinicien dans son diagnostic alors qu'il ne possède aucune qualification pour cela ?" s'interrogent-ils. Et de s'alarmer sur le "marasme" du secteur de la santé, en général, et de la biochimie, en particulier. "Nous assistons actuellement à de graves dérives et à une dévalorisation totale de cette discipline qui est pourtant la clé de voûte d'un diagnostic et d'un traitement bien conduit." Les membres de ce collectif, qui se disent désemparés par une telle situation, exigent de la tutelle de faire "le ménage" dans cette spécialité, tout en donnant des exemples de "dérives" qu'ils dénoncent "des praticiens hors spécialité de biologie fondamentale (...) et pratiquent cette dernière dans l'indifférence la plus totale", dénoncent-ils. Mieux encore, et d'après les requérants, des monospécialistes, qui sont installés dans des laboratoires polyvalents, pratiqueraient, "sans la moindre connaissance théorique ou pratique", pêle-mêle la biochimie, la parasitologie-mycologie, l'immunologie, l'hémobiogie et la microbiologie. En définitif, ce collectif appelle le ministère de la Santé à "revoir sa copie" dans le but d'offrir, selon les requérants, une meilleure qualité de soins aux citoyens. R. B.