Dans son exposé, dont Liberté a obtenu une copie, le Chef du gouvernement défend son bilan et reconnaît que “les retards sont importants”. Le chef du gouvernement se présentera, dimanche prochain, devant les députés pour un énième “examen de formalité”, prévu par la Constitution dans son article 84. Dans un document chiffré destiné aux parlementaires, portant bilan d'une année d'exercice de son cabinet dont Liberté a eu une copie, Ahmed Ouyahia a dressé un tableau exhaustif des résultats et des réalisations de son Exécutif durant l'année 2004. Tous les secteurs sont passés au crible et les chiffres sont donnés sur les différents chantiers engagés durant l'année écoulée. Le document trace très sommairement les perspectives et livre peu de détails sur les prévisions pour les prochains mois, laissant le soin, certainement, à la prochaine loi de finances complémentaire attendue pour fin juin, de baliser le cadre et transformer les grandes lignes du programme quinquennal 2004-2009 en projets. Soit ce qui est inscrit par le cabinet de Ouyahia comme opération de “déglobalisation”. Dans son exposé, le Premier ministre fait une présentation commentée du bilan de son équipe, remaniée au début du mois en cours. Dans la partie consacrée à la consolidation de la sécurité et de la stabilité, le chef du gouvernement a commencé par rendre un hommage appuyé aux différents corps des services de sécurité qui poursuivent l'opération d'éradication du terrorisme. Plus loin, il écrit que “la lutte contre le terrorisme progresse de manière significative grâce, également, au rejet total de ce fléau par la population”. Sur le projet présidentiel, le chef de l'exécutif préfère insister sur la réconciliation nationale et l'amnistie tout court. Le chef du gouvernement a évité, tout au long de cette partie du document, d'accoler — par conviction certainement — le terme “générale” à l'amnistie qu'il n'a citée que deux fois. Au passage, il soulignera que “les résidus du terrorisme persistent dans leur conduite suicidaire, alors que les perspectives de l'amnistie s'ouvrent de nouveau, grâce à l'initiative annoncée par Monsieur le président de la République et sur laquelle le peuple souverain aura à se prononcer”. Cette démarche n'exclut pas la “vigilance qui demeure requise”, afin, affirme Ouyahia, de “barrer la voie aux résidus terroristes dont les lâches crimes sont, certes, de plus en plus rares, mais, malheureusement, toujours sanglants”. Sur ce chapitre, le chef du gouvernement relève également les facteurs de “stabilité politique”, dont la création de l'alliance présidentielle, les perspectives de dénouement de la crise de Kabylie à travers le dialogue amorcé entre les autorités et les représentants du mouvement citoyen. Dans un autre registre, le rédacteur du document gouvernemental s'est étalé sur le renforcement de l'état de droit à travers l'énumération d'une série de mesures prises et de textes législatifs et réglementaires mis en place dans le cadre de “la lutte contre les fléaux sociaux et les violations de la loi au détriment de la collectivité”. Il livre sur cette question un bilan chiffré des actions et des résultats concrets réalisés sur le terrain. La répression du banditisme, le blanchiment d'argent, la corruption, la drogue, l'atteinte à l'urbanisme, sont entre autres cités dans la brochure de l'exécutif. S'agissant de la presse, l'exposé de l'exécutif souligne que “le débat est encore passionné sur cette question”. Et d'ajouter que “notre pays peut s'honorer d'être parmi les rares états du sud de la planète où aucun journaliste n'est poursuivi pour ses opinions, ni encore moins emprisonné pour ses écrits ou ses propos dans le cadre de sa mission”. Il est annoncé au passage que la loi sur l'information est actuellement en élaboration. Le volet diplomatique n'a pas été omis par le chef du gouvernement. Ce dernier est longuement revenu sur cette question en mettant en exergue “la présence active” de l'Algérie sur la scène internationale. Il confirme ainsi le dégel dans les relations entre l'Algérie et le Maroc en écrivant que les “efforts se sont traduits par la consolidation des relations bilatérales avec tous les partenaires. Dans ce cadre, l'Algérie a réaffirmé sa volonté d'écrire une page nouvelle de bon voisinage, de fraternité et de coopération, dans le respect des principes intangibles du droit international que l'organisation des Nations Unies est responsable de faire appliquer pour un règlement juste et définitif de la question du Sahara Occidental”. Le rédacteur du document présente la coopération avec l'Europe en soulignant que “l'Algérie, qui a scellé sa volonté de partenariat exemplaire, vient de ratifier l'Accord d'association avec l'Union Européenne”. Les relations avec la France ne sont pas en reste, puisque le chef de l'exécutif les évoque en rappelant le cadre de leur promotion et leur développement. Des relations que “l'Algérie souhaite établir sur la base d'un passé véritablement assaini et dans la perspective d'un avenir complémentaire et mutuellement bénéfique”. Ce rappel intervient au lendemain d'une brouille entre Alger et Paris sur le dossier sensible et stratégique relatif au contentieux “de l'histoire et la mémoire” entre les deux pays. Dans son discours devant les députés, le 22 mai prochain, Ahmed Ouyahia reviendra certainement sur ces questions soulevées dans le document avec plus de détails, de précisions et d'explications. M. A. O.