Nouria Benghabrit est, sans aucun doute, la première ministre algérienne à avoir utilisé le terme fake news. C'était le 31 mars dernier, lorsqu'elle est montée au créneau pour démentir une information rapportée par plusieurs médias, presse écrite, sites d'information et réseaux sociaux. Il s'agissait de l'annonce du lancement d'une consultation auprès des parents d'élèves pour l'enseignement, ou pas, de tamazight dans les écoles. La ministre de l'Education, le jour même, avait coupé l'herbe sous le pied des instigateurs de la fausse nouvelle. "Les fake news desservent à la fois l'école et la société en général", avait-elle déclaré devant la presse tout en précisant que "tamazight (...) n'a pas besoin de consultation pour que son enseignement soit généralisé". Toutefois, le ministère de l'Education occupe toujours le devant de la scène "fakenewsienne". Depuis quelques jours, Mme Benghabrit se retrouve au milieu d'une autre polémique, suscitée, encore une fois, par la propagation d'une fausse information. Il s'agirait, cette fois, de la suppression de la sourate El-Ikhlass des ouvrages scolaires qu'envisagerait de prendre le département. Le département de Nouria Benghabrit n'est pas la seule victime de la désinformation. La ministre, elle-même, était annoncée, il y a moins de deux mois, comme partante du gouvernement. Dès le 21 mars, l'info faisait le tour de la Toile. Les réseaux sociaux puis quelques sites d'information reprenaient l'information du jour : limogeage d'Ahmed Ouyahia et l'installation du ministre de la Justice, Tayeb Louh, en tant que Premier ministre. Ce n'était pas la première fois qu'un changement à la tête du gouvernement était annoncé. Deux "atouts" ont donné du "tonus" à cette fake news. Le premier réside dans la liste, "visiblement" précise, des nouveaux ministres "désignés". L'autre "atout" est cathodique. La chaîne de télévision, Beur TV, s'était empressée de reprendre cette "info", lui donnant ainsi de la crédibilité. Il n'était plus question de posts sur Facebook, d'un article publié sur un site d'"information" dont le professionnalisme a été souvent remis en cause, mais d'une télé. Comme l'annonce de l'installation de Tebboune et celle d'Ouyahia, en tant que Premiers ministres avaient été auparavant faites par une chaîne TV, alors, pourquoi pas cette fois ? Cette fake news n'a pas fait long feu. Deux semaines après, le 4 avril, la Présidence annonce un petit remaniement (changements de quatre ministres seulement) en maintenant Ahmed Ouyahia. Reste maintenant à savoir qui était derrière cette fake news. Certains affirment que c'est suite à des discussions sur Facebook (peu plausibles). *L'article d'Al Quds El Arabi du 27 mars dernier (montage #SalimKoudil)
Dans son édition du 27 mars dernier, Al Quds al Arabi (quotidien panarabe édité à Londres), en citant "une source gouvernementale", précise que c'est un député membre de la coalition gouvernementale qui serait l'instigateur principal de la fake news. Depuis, les spéculations vont bon train pour trouver le nom de ce lanceur de fausses infos, mais quasiment personne, surtout pas ceux des partis incriminés, ne l'a désigné ouvertement. S. K.