La deuxième journée de Cannes a été marquée par l'absence du réalisateur russe Kirill Serebrennikov lors de la montée des marches, suite à son assignation à résidence dans son pays, et la remise d'un Carrosse d'or à Martin Scorsese. Pendant ce temps, le festival positionne un film égyptien et un autre libanais en course pour la prestigieuse Palme d'or, et lance sa campagne contre le harcèlement et la violence. La projection du film Leto (l'été) du réalisateur russe Kirill Serebrennikov s'est faite sans sa présence. Tout comme le metteur en scène iranien Jafar Panahi, pour des raisons politiques, il n'a pas pu se déplacer à Cannes pour présenter son film qui concourt pour la Palme d'or. C'est là un contexte qui peut peser en sa faveur lors de la distribution des prix. Chaque année, le festival de Cannes, notamment son directeur artistique Thierry Frémeaux, essuie des critiques quant aux réalisateurs sélectionnés qui sont devenus des éléments du décor cannois. Visiblement, ces propos ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, puisque la 71e sélection cannoise, même si certains cinéastes habitués sont toujours là, se veut promotrice de jeunes talents. Par ailleurs, six nouveaux venus sont en lice pour la Palme d'or. Cannes s'est aussi rappelée de certains oubliés comme l'Américain Spike Lee, de retour 27 ans après Jungle Fever. Aussi, elle s'est réconciliée avec le Danois Lars Von Trier, boycotté suite à ses propos polémiques sur Hitler lors d'une conférence de presse en 2011, qui revient en hors-compétition. Dans le registre de la compétition pour la prestigieuse Palme d'or, 30 ans après Youssef Chahine (Adieu Bonaparte, 1985), le jeune Abu Bakr Shawky, avec son premier film Yomeddine, représente l'Egypte, et 27 ans après Maroun Bagdadi (Hors la vie, 1991) qui a partagé le Prix du jury Lars von Trier (Europa), Nadine Labaki avec Capharnaüm défendra les couleurs du pays du Cèdre. Autre nouveauté de cette année, la manifestation cannoise, en phase avec l'actualité, s'engage contre le harcèlement, la violence et l'agression. "Parce que le temps de la libération de la parole est venu, et parce qu'aucune tolérance ne peut être acceptée en matière de harcèlement et de violence sexuelle, le Festival de Cannes (...) a choisi de prendre une initiative en faveur de la prévention des incidents relationnels de tous ordres et de la protection des victimes", lit-on dans un communiqué largement distribué. Pour ce faire, un numéro spécial a été mis à disposition. T. H.