Le grand rendez-vous du cinéma mondial En attendant, réjouissons-nous du come-back de l'octogénaire J-L Godard, pour la huitième fois en course pour la Palme d'or. «Avais-je besoin d'aller déterrer des vérités si ordinaires dans les déserts tropicaux et chercher à Aden les secrets de Paris?» ainsi concluait Paul Nizan son fameux «Aden Arabie» (1931). Quels non-dits cannois, la sélection de quatre films arabes (deux en Compétition et deux autres à Un Certain Regard), nous soufflera-t-elle, au terme des 10 jours de joutes cinématographiques (9-19 mai)? Il est vrai que cette annonce faite par Thierry Frémaux, délégué général du festival, jeudi dernier, lors de la traditionnelle conférence de presse parisienne, avait de quoi surprendre plus d'un tant son caractère inédit était plus que frappant. Un Egyptien, Abou Bakr Shawki («Yomeddine»), une Libanaise, Nadine Labaki («Capharnaüm»), en Compétition et à la section Un Certain Regard, une Marocaine, Meryem Benm'Barek («Sofia»),une Syrienne, Gaya Jiji («Mon tissu préféré»). Un lépreux égyptien, un gamin libanais en colère, une femme maghrébine en déni de grossesse, une jeune Syrienne, Nahla, qui veut s'échapper de l'enfermement familial pour se réfugier, dans celui d'une maison close, celle de...Mme Jiji! Xavier Dolan ne fera pas lui, par contre, le voyage sur la Croisette, l'enfant terrible et surdoué du cinéma canadien, a décidé de retirer son film «The death and life of John F. Donovan», non satisfait du montage... «The Sisters Brothers» de Jacques Audiard (son premier film en anglais), a, lui, été, en revanche, empêché d'aller à Cannes, par ses producteurs, qui ne veulent pas prendre trop de risques, la sortie de ce très coûteux western avec Joaquin Phoenix, prévue vers la fin de l'année. Un négatif bouche-à-oreille cannois pourrait signifier un krach financier que personne ne veut provoquer... Le cinéma est aussi (et surtout) une industrie et Netflix qui vient d'annoncer sa décision de faire l'impasse sur Cannes, en est la parfaite illustration. Bon, tout cela n'empêchera pas Harry Belafonte de revenir sur la Côte d'Azur, cette fois avec le toujours trublion, Spike Lee qui va secouer tout son monde avec «Blackkklansman», une histoire portée à bout de bras par John David Washington, qui incarne le rôle de ce policier noir, Ron Stallworth, qui avait noyauté, rien qu'au téléphone et pendant de longs mois, la secte raciste du Ku Klux Klan, jusqu'à en devenir une voix des plus écoutées... Aux côtés du fils de Denzel Washington, on trouve Harry Belafonte, que vénère Spike Lee, ainsi que Michael Buscemi (le frère de Steve Buscemi! Comme d'habitude, la Sélection officielle, sera étoffée, dans les semaines à venir avec un ou deux autres films... Aussi n'est-il donc pas exclu le retour du cinéaste danois, Lars Von Trier, «banni» depuis, 2011, depuis la conférence de presse qui avait suivi la projection de son «Melancholia», pour des propos pronazis, qu'il aura retirés aussitôt le tollé soulevé... Mais trop tard, avait jugé, à l'époque la direction du festival. Matt Dillon, Umma Thurmann et Bruno Ganz les protagonistes de son premier film américain («The house that jack built»), vont peut-être fouler les 60 m de tapis rouge qui couvrent les fameuses 24 marches cannoises. Cette histoire de serial killer dans le Washington des années soixante-dix, serait la plus brutale de sa carrière, selon les propres dires de Lars Von Trier. En attendant, réjouissons-nous du come-back de l'octogénaire J-L Godard, pour la huitième fois en course pour la Palme d'or, avec «Image et parole», que l'on dit tiré d'un mystérieux roman «Happy Arabia»... Paul Nizan ne serait alors pas loin et la boucle serait bouclée... Film d'Ouverture . Todos lo saben, d'Asghar Farhadi (Film d'ouverture) En Compétition . Yomeddine, de A.B Shawky . Leto (L'été), de Kirill Serebrennikov . Lazzaro Felice, d'Alice Rohrwacher . Zimna wojna (Guerre froide), de Pawel Pawlikowski . Three faces, de Jafar Panahi . Under the silver lake, de David Robert Mitchell . Blackkklansman, de Spike Lee . Buh-Ning, de Lee Chang-Dong . Capharnaüm, de Nadine Labaki . Shoplifters, de Kore-Eda Hirokazu . Ash is purest white, de Jia Zhang-Ke . Les filles du soleil, de Eva Husson . Plaire aimer et courir vite, de Christophe Honoré . Netemo sametemo, de Ryusuke Hamaguchi . Le livre d'image, de Jean-Luc Godard . Dogman, de Matteo Garrone . En guerre, de Stéphane Brizé