Après de longues années de marginalisation et de mise à l'écart, les habitants du village Beni Ferah, dans la commune montagneuse de Boudriaa Ben Yadjis, ont finalement trouvé la solution à leurs maux. N'ayant pas trouvé une oreille attentive à leurs préoccupations, des dizaines de villageois se sont regroupés pour réaliser une passerelle que les services de l'APC n'ont pas pu construire. Coupés du reste du monde, les habitants ont déjà relevé le défi, il y a 3 ans, en mettant sur pied un petit pont de 40 m, surnommé "La passerelle du défi et de l'espoir". Ce vieux rêve longtemps revendiqué a été concrétisé grâce à une volonté de fer. Considéré comme une action citoyenne moderne, ce projet qui a vu à cette époque la mobilisation d'un grand nombre de personnes a fait sortir cette région perdue de l'anonymat. "La passerelle du défi n'a fait que renforcer notre union pour faire sortir notre village de l'isolement", dira avec fierté un natif du village. Las d'attendre une solution de la part des pouvoirs publics, les habitants ont pris une seconde fois la décision de recourir à leurs bras et aux cotisations des habitants de deux villages, à savoir Beni Ferah et Boudjouada. "Chaque personne, et chaque famille, a participé d'une façon ou d'une autre à la réalisation de cette passerelle", ont déclaré les habitants. "Les jeunes du village, encadrés par des maçons de la région et quelques personnes du domaine du génie civil, ont assuré la main-d'œuvre et les calculs", a-t-on fait savoir. Cette passerelle d'une longueur de 6 m s'ajoutera sans aucun doute dans l'histoire d'une région, dont les habitants ont refusé de vivre dans la misère. En hiver, les villageois, hommes, femmes et enfants, risquent leur vie pour traverser un oued déchaîné. D'ailleurs, combien de personnes ont été emportées par les courants sans jamais refaire surface. Près de la rivière qui sépare le village du "monde moderne", une stèle en marbre portant les noms des victimes décédées en dit long sur les malheurs vécus en silence durant plusieurs décennies. Les services de l'APC ont promis à maintes reprises d'apporter de l'aide, mais rien de cela n'a été fait, à en croire les habitants de cette bourgade regroupant quelque 80 âmes. Se battant contre vents et marées pour tenter de redonner vie à ce village perché au sommet d'une montagne, les citoyens de Beni Ferah ont indiqué que d'autres défis seront relevés à l'avenir afin de préserver ce qui reste de la terre de leurs ancêtres et encourager le retour de ceux qui ont déserté les lieux durant les affres du terrorisme, sans jamais y revenir. Rayan Moussaoui