Malgré les assurances des autorités, les procès contre les membres de la communauté ahmadie en Algérie se suivent et se ressemblent. Hier, le tribunal d'Akbou, à l'ouest de Béjaïa, a renvoyé au 29 mai prochain le procès de six adeptes de cette communauté. Selon leur avocat, Me Salah Dabouze, ce renvoi, à la demande des prévenus, a été introduit afin de mieux préparer leur défense. Jeudi dernier, ce sont quatre membres qui ont comparu devant la Cour de Sétif. Poursuivis pour les chefs d'inculpation "d'activité dans une association non agréée" et de "collecte de fonds sans autorisation", ces Ahmadis ont été reconnus coupables, en vertu de l'article 144 bis du code pénal, de "dénigrement de dogmes et de préceptes islamiques", selon leur avocat. En première instance, ils avaient été condamnés par le tribunal de Bougaâ à trois mois de prison avec sursis assortis d'une amende de 40 000 DA chacun. L'affaire a été mise en délibéré pour le 24 mai prochain. Autre procès attendu : celui prévu aujourd'hui à la Cour de Boumerdès de douze autres membres. Poursuivis pour les mêmes chefs d'inculpation, ces Ahmadis ont été condamnés, en première instance par le tribunal de Dellys, à une année de prison avec sursis. Ces procès en cascade interviennent au moment où des instances onusiennes se sont saisies de cette affaire pour réclamer aux autorités algériennes des "explications", selon certains articles de presse. En dépit des garanties qu'elles fournissent régulièrement, elles continuent, cependant, à cultiver quelque amalgame en considérant la communauté ahmadie comme une "secte". Récemment encore, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a estimé à Jijel que "l'Algérie fait objet d'une campagne d'idées destructrices, sectaires et extrémistes", tout en appelant à lutter contre ce "phénomène", à promouvoir les "véritables préceptes" de l'islam en se conformant au référent national, l'islam de Cordoue. Dans ce contexte, il a exhorté les imams, les hommes de lettres et des médias à combattre cette "campagne hostile". Il a également invité les imams à investir les réseaux sociaux, à créer des pages au nom des mosquées pour servir de "rempart" face au "discours de haine, de division et de sectarisme ciblant la société algérienne". Mais, Mohamed Aïssa ne désigne pas nommément les porteurs de ce discours. K. K.