Les recherches se poursuivent car le renseignement reçu par les services de sécurité fait état d'une quantité encore plus importante. Plus de 700 kilogrammes de cocaïne ont été saisis au port d'Oran par les garde-côtes, les douanes et la Gendarmerie nationale, a indiqué le ministère de la Défense nationale dans un communiqué rendu public. Selon la même source, et exploitant des informations, certainement fournies par les services d'Interpol, les éléments des trois corps de sécurité "ont mis en échec une tentative d'introduction, à travers le port d'Oran, d'une énorme quantité de cocaïne estimée à 701 kg enfouie dans un conteneur à bord d'un bateau de transport de marchandises en provenance de l'Amérique Latine". Le MDN précise encore que "les recherches se poursuivent pour la découverte d'éventuelles autres quantités" de drogue, ce qui indique que les informations reçues évoquaient une quantité supérieure à celle déjà trouvée ou ne la précisaient pas du tout. Si le communiqué ne donne pas de détails sur la qualité de la cocaïne ou encore la provenance du bateau ni sur d'éventuelles arrestations, certains sites d'information électroniques rapportent que la saisie a été faite à bord du navire "Vega Mercury", battant pavillon libérien, chargé de viandes surgelées. En provenance du Brésil, il a fait escale en Espagne avant d'amarrer à 3 miles du port d'Oran. Le "Vega Mercury", de type Container Ship, a été construit en 2009. Deux hypothèses s'imposent, soit la drogue a été embarquée au Brésil, soit elle a été transbordée lors de son escale espagnole, l'enquête le dira. Si des saisies similaires ont été déjà annoncées, aucune, pourtant n'a atteint cette importance. En 2012, 165 kg de cocaïne pure dissimulés dans un conteneur transportant du lait en poudre, importé de Nouvelle-Zélande par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), ont été saisis par la Gendarmerie nationale. La drogue était en attente de livraison au port sec de Baraki, à Alger, après avoir subi toutes les formalités et contrôles douaniers. Dans cette affaire, on soupçonne également le bateau d'avoir fait escale en Espagne avant de rejoindre le port d'Alger après être resté en rade, durant une dizaine de jours, au large des côtes latino-américaines. La même configuration que l'affaire du port d'Oran puisque la cargaison de viande surgelée devait théoriquement emprunter le couloir vert ; qui permet aux opérateurs de bénéficier de toutes les facilités en matière de procédures douanières et d'éviter toute attente dans l'enceinte portuaire ; avant de transiter par un port sec. En octobre dernier, 16 personnes avaient été condamnées, à Oran, à 15 années de réclusion criminelle pour détention, commercialisation et distribution de drogue, huit ont écopé de 20 ans par contumace et 7 ont été relaxées à l'issue du procès de l'affaire dite des 81 kg de cocaïne. Les accusés étaient poursuivis dans le cadre d'une affaire remontant à janvier 2015, année au cours de laquelle plus de 81 kilogrammes de cocaïne ont été découverts par des pêcheurs près des îles Habibas, situées à une dizaine de kilomètres des côtes oranaises. L'enquête a permis de déterminer que la substance en question présentait les mêmes caractéristiques physiologiques que des quantités de cocaïne saisies dans différentes régions du pays, à l'exemple d'Oued Fodha, dans la wilaya de Chlef, où le 13 mars 2015, la Gendarmerie nationale avait mis la main sur 500 grammes de cocaïne à bord d'une Mercedes, et à Blida où un kilogramme du même produit stupéfiant avait été saisi par la gendarmerie le 22 du même mois. Ce qui a ouvert la porte à la thèse selon laquelle un réseau spécialisé dans le trafic de cocaïne était à pied d'œuvre sur le territoire national et que les 63 plaquettes saisies près des îles Habibas pourraient faire partie d'une quantité plus importante. La saisie de 701 kg de cocaïne n'étant pas une mince affaire, il s'agit de la plus grosse prise de drogue dure dans l'histoire du pays. 3 951,4 grammes de cocaïne ont été saisis durant les huit premiers mois de 2017, selon l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie ; il est à se demander quel est le réseau qui se cacher derrière l'opération. Il est connu que l'Algérie n'est pas une terre de consommation de la blanche ; vu son prix au détail, on parle de 9 000 DA "sabbat", le gramme coupé de la coke pure qui peut donner trois rails à sniffer. On soupçonne une organisation internationale de narcotrafiquants dont les ramifications et les complicités se trouvent dans de nombreux pays, y compris l'Algérie, d'être responsable de ce trafic. Saïd OUSSAD