Alors qu'en Algérie on est en train de se morfondre sur la qualité de la majorité des programmes du ramadan, sous d'autres cieux les débats sont tout autres. La soirée diffusée, mercredi dernier, en direct (sur internet) par le journal d'information français « Mediapart », était une occasion de plonger dans les coulisses d'un produit télé fort intéressant. «Le bureau des légendes », une série d'espionnage diffusée depuis 2015 sur la chaîne TV cryptée française, Canal Plus, et dont le succès était au rendez-vous dès la première projection. Mêlant l'espionnage à la géopolitique, « Le Bureau des légendes » a su capter l'attention. Actuellement il est question de préparatifs de la 4e saison. Les intrigues des trois précédentes, dont le « terrain », était essentiellement au Proche-Orient et en Iran. L'Algérie n'avait pas été oubliée. Lors de la première saison, une histoire rocambolesque incluant des personnages se présentant en tant que membres du DRS, avait suscité à l'époque une polémique dans les médias algériens. Toutefois, l'intérêt de la série réside dans le regard qu'elle a sur la situation du terrorisme dans le monde, en axant (est ce une surprise !) sur les musulmans. Une fiction anticipant sur la réalité, ce produit n'a pas laissé indifférents ceux qui l'ont suivis. « Le bureau des légendes » s'est surtout distinguée par le fait que c'est (comme l'avait précisé un des journalistes de Mediapart) « une fiction dépassant la réalité ». L'entretien du réalisateur de la série, Eric Rochant, diffusée mercredi dernier, est venu donner des "éclaircissements" sur les coulisses de son travail et celui de son équipe. Avant tout, il a confirmé un fait, « Le Bureau des légendes » a été réalisé à la gloire de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) française. Pour le réalisateur, c'est tout a fait logique de ne pas discréditer le service d'espionnage (dont le patron, depuis juin 2017, n'est autre que Bernard Emié, l'ex-ambassadeur de Paris à Alger) et d'ailleurs, il ne cachait pas ses bonnes relations avec les membres du service d'espionnage. Eric Rochant indiquera, entre autres, que la DGSE lisait les scénarios et recevait les épisodes en avant première. « On s'inspire d'une maison ultra secrète pour faire marcher notre imagination » expliquera-t-il tout en paraissant parfois « cachotier » sur les détails de ses rapports avec les espions français qu'il a rencontré. Ceux qui ont suivi les trois saisons auront remarqué que très souvent les intrigues « étalées » durant les dizaines d'épisodes, étaient à chaque fois en relation avec l'actualité mondiale. Malgré plusieurs incohérences établies lors des trois saisons diffusées, les pérégrinations de Malotru (alias Guillaume Debailly, joué par Mathieu Kassovitz) et de Phénomène », la Polytechnicienne (alias Marina Loiseau et interprétée par Sara Giraudeau), ont été à chaque fois intéressantes à suivre. Elles devraient continuer à susciter la curiosité dès la rentrée. Le décor annoncé de la saison 4 est alléchant. Ainsi les « événements » se dérouleront en Russie et il sera question de FSB (ex KGB) mais aussi, et surtout, de cyberguerre et d'Intelligence Artificielle. Avec tout le brouhaha qui entoure tout ce qu'entreprend Moscou ces dernières années, il sera intéressant de voir l'approche d'Eric Rochant, et ses amis de la DGSE, des « méchants » russes. Mais pas seulement. La cyberguerre et l'intelligence artificielle seront également à suivre au fil des épisodes. Ceux qui vont suivre la série auront une idée sur ce qui se trame "ailleurs" et ce qui risque... d'emporter plusieurs régions du monde. Cette présence de la géopolitique, et des intérêts des nations, dans les productions télévisuelles, vient démontrer, encore une fois, l'importance de ce secteur. Si en Algérie il est plus question de remplissage de vides, et de cachets à donner, ailleurs il est question d'implication de tout le monde dans tout ce qui touche à l'audiovisuel. Il y a un « marché » de plusieurs millions de personnes à conquérir, et, pour certains, à "manipuler". De véritables stratégies sont élaborées avec des objectifs bien précis, et loin de petits bénéfices. Cette large vision des intérêts des nations dépasse amplement l'audiovisuel. d'autres secteurs, même les plus inattendus, sont impliqués dans les stratégies. Il suffit de rappeler qu'en septembre 2014 le Think tank américain "Atlantic Council", spécialisé dans les affaires et conflits internationaux, avait recruté l'un des créateurs du fameux jeu vidéo "Call of Duty". La mission qui lui a été donnée était d'imaginer les futures guerres. Pour avoir une idée plus précise, ce "Atlantic Council" est considéré comme la cellule de réflexion de l'Otan, et renferme parmi ses membres plusieurs ex responsables civils et militaires américains. Entre temps, alors que le monde est en train de muter, et que les préparatifs vont bon train pour essayer de contourner les "difficultés" annoncées, nombreux sont parmi les téléspectateurs algériens à polémiquer sur la qualité de telle Caméra cachée ou les personnages de telle série Tv nauséabonde. Salim KOUDIL @SalimKOudil