Dans la deuxième saison de la série d'espionnage «Le Bureau des légendes» diffusé sur Canal+, l'Algérie a disparu du script. Il n'est plus question du GIA, du DRS ou encore des agents infiltrés, mais de la Syrie, de la Russie, de la CIA et surtout de Daesh. En effet, depuis quelques années l'Algérie n'est plus le pays menaçant qui était décrit par la presse française. Les relations algéro-françaises se sont fortement améliorées. C'est pour ces raisons et d'autres que le thème du terrorisme et la question du «qui-tue-qui» n'ont pas été évoqués dans la deuxième saison de la série française. Et pourtant, plusieurs personnages sont restés dans cette série comme Nadia El Mansour, l'universitaire syrienne spécialisée en histoire et géographie et la maîtresse de Guillaume Debailly, lorsqu'il était clandestin à Damas sous le nom de Paul Lefebvre. Et Marina Loiseau, dite «Phénomène», qu'on retrouve en Iran pour infiltrer le milieu du nucléaire iranien. Dans cette nouvelle saison, c'est en effet, l'Etat islamique qui est devenu le «méchant» loup dans la série d'espionnage française la plus réussie. Même si le scénario a été écrit en plein attentat de Charlie Hebdo, la série n'a pas évoqué dans ses premiers épisodes la menace directe de Daesh sur le sol français. Une instruction politique et sécuritaire a été donnée à toutes les productions de ne pas faire référence dans leurs fictions de la réalité sécuritaire qui touche la France. Ainsi les séries «Les Hommes de l'ombre» (France 2), «le Tunnel» (Canal+) et «Panthers» (Canal+) ont tenté de se rapprocher de la fiction, tout en évitant d'évoquer la réalité française. «Le Bureau des légendes» la série qui fait de la publicité aux services secrets français de la Dgse tente de masquer les erreurs du terrain réel. La série met en vedette Toufik Boumaza, djihadiste français devenu officier de l'EI et qui est la cible prioritaire de la Dgse dans cette série. La connexion entre Daesh et les affaires a déteint sur la série, et les scénaristes ont pris un malin plaisir à assaisonner la mayonnaise pour bien vendre la série. D'ailleurs, la série française produite par Canal+ «Le Bureau des légendes», est l'une des séries françaises les plus vendues à l'étranger. Les deux premières saisons ont rapporté 3 millions d'euros auprès de distributeurs étrangers (des chaînes, mais aussi iTunes). La troisième saison qui n'est pas encore tournée a déjà enregistré 700.000 euros de pré-achats, notamment par Amazon au Royaume-Uni pour son service Prime Vidéo. Soit 3,7 millions au total. La précédente série française la mieux exportée était «Les Revenants», avec 2,7 millions d'euros. Chacun des 10 épisodes de la première saison a coûté 1,4 million d'euros et ceux de la deuxième 1,7 million. C'est moins qu'aux Etats-Unis, affirment les revendeurs français, mais l'objectif c'est surtout d'égaler les Américains dans la production de séries. Egaler «Homeland» (pour laquelle la deuxième saison du «Bureau des légendes» fait référence) est l'objectif des producteurs. [email protected]