Expulsées des logements qu'ils occupaient dans la zone industrielle, ces familles ont été orientées “provisoirement” vers un centre de transit. Il semblerait cependant que le “provisoire” s'étire de plus en plus, et, avec, le calvaire de ces familles qui survivent dans des conditions lamentables. Depuis leur expulsion manu militari de la plateforme pétrochimique où elles habitaient, ces familles, qui avaient été casées dans un centre de transit provisoirement, attendent impatiemment la fin du cauchemar dans lequel elles se retrouvent plongées depuis. C'est du moins l'impression qu'elles laissent transparaître au premier abord. Ce sont, donc, au total 188 familles qui ont fait l'objet d'une mesure d'expulsion par voie de justice, appliquée après moult tergiversations et évacuées des logements qu'elles occupaient à l'intérieur de la zone industrielle. Les autorités, ne voulant pas commettre d'impair, ont confectionné des box dans deux hangars situés dans la zone de dépôt de Hamrouch-Hamoudi. Cette mesure serait destinée à prendre le temps nécessaire pour l'étude des cas, car il semblerait que des personnes auraient déjà bénéficié de logements mais les auraient vendus pour revenir dans les lieux. Argument que réfutent les expulsés, scindés en deux groupes distincts en fonction des lieux qu'ils occupaient précédemment, à Barrot ou bien à l'ancien aérodrome. Ils affirment que concernant le lot de 92 logements prévus à El-Kharrouba, ils n'ont perçu que 8 millions de centimes, débloqués dernièrement et déjà consommés. Cette somme n'a donc pas suffi à terminer les constructions prévues pour un montant de 20 millions de centimes. Pour les autres sites retenus pour l'implantation des logements d'une partie des occupants de la zone, il y a le terrain d'assiette de Oued Atta 1 et 2, jugé inconstructible par les “expulsés”, puisque accidenté ou bien se trouvant sur un remblai. Une expertise réalisée par un architecte à leurs frais est avancée comme argument de leur opposition à s'établir dans des zones qui présentent des anomalies criardes, selon leurs dires. Lors de notre visite à ce “camp” où nous avons trouvé, outre les occupants des box, des tentes dressées à l'extérieur, nous avons été invités à entrer à l'intérieur des hangars. De prime abord, on est frappé par les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent. Les box sont juxtaposés les uns aux autres, dans lesquels chaque famille s'est organisée du mieux qu'elle a pu. On nous indique que la vie est épouvantable avec une chaleur suffocante le jour, et un froid insupportable la nuit, avec des nuées de moustiques et autres insectes, côtoyant des rats et où même les serpents ont commencé à faire leur apparition. Ici, les conditions sanitaires sont des plus précaires et une épidémie n'est pas à écarter. Les familles rencontrées soulignent qu'elles viennent de vivre un véritable déracinement, car leurs habitudes de vie ont été radicalement transformées et on cite particulièrement l'éloignement des enfants de leurs écoles. La plupart des élèves se retrouvent ainsi perturbés et n'arrivent plus à suivre, de ce fait, leurs cours normalement. Certains expulsés avouent qu'ils redoutent d'être chassés du centre pour avoir osé décrire leurs conditions de vie. Si pour certains l'expulsion est motivée pour des raisons sécuritaires, les expulsés pour leur part soulignent que l'Etat les a abandonnés, avec de vagues promesses et des projets non concrétisés. Ils soulignent qu'ils étaient là bien avant la création de la zone industrielle, argument que certains responsables rejettent car les terrains faisant partie de la plateforme pétrochimique ont déjà fait l'objet d'une expropriation pour utilité publique. Ceci pour répondre à ceux qui se cachent derrière le statut juridique des terrains. En tout état de cause, les conditions de vie au centre de transit de Hamrouch-Hamoudi ne permettent pas un séjour prolongé sous peine de voir naître d'autres problèmes, dont les responsables locaux n'ont nullement besoin. Z. Réda