Aigle Azur continue de se développer même après sa cession, depuis novembre 2016, par les héritiers Idjarouidène dont le défunt père Arezki qui avait fait renaître de ses cendres cette plus ancienne compagnie privée française. Entre 2016 et 2017, année du décès d'Arekzi, la flotte de la compagnie est passée de 1 à 10 avions dont plus de la moitié pour desservir les principales villes algériennes, (Alger, Béjaïa, Oran, Constantine, Annaba...). Un mérite auquel les nouveaux propriétaires rendent hommage en décidant de donner son prénom, Arezki, à l'un des deux grands porteurs, un Airbus A330-200, que vient d'acquérir la compagne. "Si Arezki n'avait pas existé, la compagnie ne serait certainement pas ce qu'elle est aujourd'hui", a déclaré, lors d'un point de presse tenu à Paris, le nouveau président de la compagnie, Frantz Yvelin. L'appareil a effectué son vol inaugural avant-hier à partir de l'aéroport d'Orly, à Paris, vers l'aéroport Houari-Boumediene, à Alger. Le jumeau d'Arezki est, quant à lui, baptisé Sylvain Floirat, en reconnaissance également à celui qui a fondé la compagnie en 1946. La compagnie bleue compte bien les exploiter dans un premier temps pour augmenter le nombre de navettes entre la France et l'Algérie. La ligne France-Algérie, rappelle le premier responsable de la campagnie, représente au moins 50% des activités d'Aigle Azur, soit la moitié de son chiffre d'affaires estimé à 290 millions d'euros à fin 2016. Le défi du long courrier, le poids des taxes... En termes de volume, la compagnie transporte une moyenne d'un million de passagers par an de et vers l'Algérie. Aigle Azur se classe ainsi en deuxième position après Air Algérie. Le seul bémol enregistré par la compagnie en Algérie est la difficulté de rapatrier ses dividendes. "Nous sommes, en effet, riches de l'autre côté de la Méditerranée", réplique, un brin ironique, M. Yvelain à la question à ce sujet. Qu'en est-il de la cherté des billets, notamment en période estivale, souvent dénoncée par les clients ? Pour le responsable d'Aigle Azur, les passagers seraient plutôt victimes de taxes multiples et parfois excessives qu'imposent les Etats, chacun à sa manière, aux compagnies. L'allusion est ici faite notamment à la TVA fixée à 19% (du tarif pratiqué) par le gouvernement algérien aux compagnies aériennes, ce qui, regrette M. Yvelin, se répercute sur le prix à payer par le passager. M. Yvelin, pilote de formation, déplore par ailleurs les conditions de sécurisation des infrastructures aéroportuaires et de l'environnement général dans certaines régions d'Algérie, notamment les villes du Grand-Sud. La compagnie compte, par ailleurs, relever le défi du long courrier avec le lancement de ses deux premières liaisons Paris-Pékin et Paris-Sao Paolo. Le vol inaugural vers Pékin est prévu dans trois semaines. L'avantage de ces lignes pour les Algériens, c'est la possibilité de faire leurs réservations et effectuer le voyage vers la destination finale (Pékin ou Sao Paolo), via Paris, à partir des villes d'Algérie desservies par Aigle Azur. Farid Abdeladim