Le président américain a plombé un consensus fragile sur le commerce entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux, en demandant à ses représentants de ne pas cautionner le communiqué commun établi par les dirigeants du G7. Donald Trump a même renouvelé sa menace de droits de douanes accrus sur les voitures européennes et étrangères importées aux Etats-Unis. Un secteur qui pèse bien plus que l'acier et l'aluminium jusqu'à présent frappés taxes. Le revirement de Trump a laissé ses homologues du G7 dans le flou. Les Européens semblent commencer à comprendre ce que signifie vraiment le slogan "America First" de Trump. Il faut dire que le président américain est cohérent dans son approche. Tout doit être fait pour le prestige des Etats-Unis. Sa première bataille, Donald Trump l'a gagnée avec les sanctions anti-iraniennes qu'il a imposées aux entreprises européennes. L'Europe a eu une position beaucoup plus conciliante à l'égard de la politique étrangère américaine et de ses conséquences pour les intérêts économiques européens. Pourtant, les enjeux pour le commerce européen en Iran ne sont pas des moindres. L'Union européenne et le Canada ont d'ores et déjà saisi l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais les risques pour les Américains sont limités dans la mesure où les procédures pour régler les différends à l'OMC sont très longues. Les experts remarquent qu'il est impossible de gagner une guerre commerciale. La protection du marché intérieur, argument souvent brandi par les initiateurs des conflits commerciaux, nuit en réalité aux exportateurs et aux consommateurs qui subissent les sanctions. Dans le bras de fer entre les Etats-Unis et l'UE, les experts estiment que les Américains ont évidemment plus de chances de réussir à mettre en pratique leur politique économique et à avoir l'avantage final. En effet, les Etats-Unis sont actuellement dans une position plus avantageuse par rapport aux pays de la zone euro, car le dollar s'affaiblit depuis des mois par rapport à la devise européenne et à beaucoup d'autres monnaies mondiales. Dans les faits, cela signifie que les produits américains deviennent moins coûteux pour les consommateurs étrangers, alors que le coût réel des produits européens augmente. Le protectionnisme américain pourrait se solder par une transformation de tout le système du commerce international et à la disparition du système commercial multilatéral. Reste qu'au même moment, l'autre monde, celui du multilatéralisme, s'organise. Samedi, face à un G7 miné par ses divisions, l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui, outre la Chine et la Russie, réunit l'Inde, le Pakistan et plusieurs pays d'Asie centrale, a entamé, samedi soir en chine, son sommet annuel sous le signe de "l'unité". Les deux grands leaders, la Chine et la Russie, n'arrêtent pas de coopérer dans tous les domaines. Il en est ainsi de tous les espaces de coopération en Asie et de celui des Brics. Saïd Smati