Les sujets de discorde s'entassent entre les puissances occidentales du G7. Au même moment, le groupe de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) se réunissait à Pékin, qui regroupe, entre autres, la Chine et la Russie, pour débattre pratiquement des mêmes thèmes. Ironie de l'histoire, le maître d'œuvre de ce remue-ménage planétaire est le même pour les deux camps, à savoir, Washington. Donald Trump a ainsi réussi à mettre tout le monde d'accord contre lui. Ainsi, les poignées de main et autres accolades éternisées par les caméras du monde entier cachent mal la tension qui règne au sein du G7. Le bras de fer initié par le 45e président des Etats-Unis, entamé par le retrait de l'accord sur le climat puis celui sur le nucléaire iranien, ont éloigné les positions entre Européens et Américains qui, paradoxalement, cherchent séparément à reprendre langue avec Moscou malgré le refus des Alliés de cautionner la proposition américaine sur une éventuelle réintégration de la Russie au groupe des riches de la planète. Ce climat de crispation, même s'il paraît isoler Washington au sein de cette instance, ne constitue nullement une menace, sachant que Donald Trump a toujours opté pour les relations bilatérales, d'où son fameux slogan « l'Amérique d'abord ». Le communiqué final illustre parfaitement l'impasse, mais surtout l'intransigeance américaine, notamment sur le volet commercial et le nucléaire iranien. Les questions de libre-échange ont constitué le vrai point d'achoppement du sommet. Donald Trump a retourné l'accusation de protectionnisme contre l'Union européenne et le Canada, sur les produits laitiers, l'agriculture ou les barrières non tarifaires auxquelles se heurteraient les produits américains, dénonçant à nouveau des échanges « inéquitables ». Le fossé se creuse mais le pont est loin d'être rompu. Les Alliés supporteront-ils les frais d'une guerre commerciale que Donald Trump semble en tous les cas bien parti pour l'emporter ? Hasard du calendrier ou impératifs du moment, de l'autre côté du Pacifique, précisément à Pékin, les chefs d'Etat russe, iranien et chinois se réunissaient pour tenter de contrer l'unilatéralisme américain galopant. L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui réunit aussi plusieurs pays d'Asie centrale, dont l'Inde et le Pakistan, entame son sommet annuel. Le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien et la menace des sanctions que prônent les Etats- Unis à l'égard des entreprises présentes en Iran constituent le noyau central de cette rencontre. Téhéran cherche à s'assurer l'appui des autres signataires —Européens, Russie et notamment la Chine, grande consommatrice de pétrole iranien— afin de maintenir à flot son économie. Pour cela, les membres de l'OCS pourraient accorder un statut de membre à part entière à l'Iran pour lui témoigner leur soutien et leur attachement à l'accord nucléaire, selon des analystes. Les griefs contre la gestion de Trump sont aussi légion dans cette sphère du monde. Le géant chinois reste sous la menace de tarifs douaniers américains punitifs, au moment où l'Empire du Milieu entreprend ses "Nouvelles routes de la soie", projet colossal d'infrastructures à travers l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Mais pour le président américain, l'esprit est déjà ailleurs. Singapour sera peut-être le coup du siècle. La date du 12 juin le fera entrer dans l'histoire par la grande porte...