Ils étaient près d'un millier de fans venus assister au concert de Ali Amran à la maison de la culture de Tizi Ouzou, et au bonheur des mélomanes, le rockeur a chanté un titre inédit en hommage à Matoub Lounès. Pour cette soirée du dimanche, 25e jour du mois de Ramadhan, le public de Tizi Ouzou a eu droit à un véritable régal avec la nouvelle vedette incontestable de la chanson moderne kabyle, Ali Amran. En effet, la grande salle de spectacles de la maison de la culture Mouloud-Mammeri a vibré durant toute la soirée au rythme des belles mélodies magistralement exécutées par l'artiste et son orchestre. Et s'ils étaient près d'un millier de fans à avoir eu le grand privilège d'assister au concert, des centaines de jeunes sont restés dehors et avaient bien de la peine à contenir leur frustration, surtout qu'ils avaient accouru de toutes les localités de Kabylie mais aussi des wilayas limitrophes Boumerdès, Bouira et Alger pour revoir leur idole qui réside à l'étranger et qui revient, une ou deux fois l'an, pour se ressourcer et surtout se retremper dans l'ambiance et la chaleur du pays. Comme de coutume, Ali Amran eut droit à un public jeune auquel se sont mêlées de nombreuses familles, et la nombreuse assistance aura repris en chœur tout le répertoire bien connu de l'artiste au summum de la maîtrise de son art et qui aura fait preuve, comme d'habitude, de complicité avec ses fans. Ayasadats, Houria, Yirdounit, Voulehmoum, Thavalisth sont autant de tubes repris à pleine gorge par une jeunesse en parfaite communion avec son idole qui a su s'imposer comme le porte-voix de leurs espoirs, leurs désillusions, leurs frustrations et leurs revendications identitaires, tout cela à travers les thématiques largement traitées dans son répertoire, comme la situation sociopolitique, la liberté, les traditions, l'exil, la modernité, les tabous et l'identité amazighe. Et si Ali Amran a pu entraîner ses fans dans une transe musicale difficilement égalable chez nous en Algérie, il a aussi su captiver les cœurs et les esprits autour de valeurs bien ancrées dans notre société et notre histoire commune. Tel a été le cas pour cet hommage fort émouvant qu'il a réservé à une autre icône de la chanson kabyle, définitivement classée au panthéon de l'histoire des combats identitaires et démocratiques, en l'occurrence Matoub Lounès, dont on célébrera le 20e anniversaire de la mort ce 25 juin. La chanson inédite et composée en hommage au "Rebelle" a été, en effet, écoutée dans un silence de cathédrale. C'est dire que ce fut là une soirée de folie que ni l'artiste, qui a vraiment subjugué tout le monde, ni le public en délire ne voulaient interrompre au bout de la nuit. "Je suis vraiment triste pour tous les amis qui n'ont pu accéder à ce spectacle. On aurait aimé qu'à chaque occasion, toute la grande famille que nous sommes soit réunie. Hélas, les moyens ne l'ont pas permis et vivement une grande salle de spectacles à Tizi Ouzou", regrettera Ali Amran, qui devait animer, hier soir, un autre gala à Boudjima, pour se produire encore ce soir à la Maison de la culture de Bouira et terminer sa tournée avec un dernier gala ce jeudi à la Maison de la culture de Béjaïa. Rabah Achour