Les voix discordantes au sein du vieux parti prendront leur mal en patience. Le chantier lancé depuis hier à partir de Constantine, celui du renouvellement des structures de base du parti, renvoie aux calendes grecques la tenue de la session du comité central du FLN attendu par les opposants à la ligne de conduite de Djamel Ould Abbes qui aura, ainsi, mis tout son monde devant le fait accompli. Une restructuration nécessaire, selon le secrétaire général du FLN qui ambitionne de récolter "un million d'adhésions d'ici à la fin de l'année", estimant le nombre de "700 000 militants encartés" est en deçà de "la grandeur du FLN". Djamel Ould Abbes s'offusque d'ailleurs de constater que d'anciens moudjahidine figurent dans les rangs d'autres formations politiques : "Il est anormal que d'anciens moudjahidine abandonnent le FLN pour adhérer à d'autres partis". Un appel du pied qu'il appuie par la récente purge qu'il a opérée dans la composante du bureau politique en épargnant les quatre anciens maquisards qui y siègent. Néanmoins, la restructuration qu'il prône et dont les modalités sont comprises dans la circulaire n°13 efficiente depuis hier, puisqu'elle a été lue aux présents représentants l'élite du parti au niveau des wilayas de l'est du pays, vise notamment à promouvoir l'adhésion des jeunes et de la gente féminine, qui auront, selon lui "toute latitude de postuler aux postes de responsabilités dans les structures du parti". Djamel Ould Abbes, qui reconnaît que les kasmas, à titre d'exemple, n'ont pas connu de renouvellement depuis 2010, soutient pour la perspective de cette restructuration que l'ère des désignations et du clientélisme est révolue, laissant entendre que les candidatures seront ouvertes à tout le monde et que des états-majors de la direction du parti seront mis en place pour veiller à la crédibilité de l'opération. Tout porte à croire, cependant, que cette sortie du secrétaire général du FLN porte les stigmates d'une manœuvre grandiose pour atténuer les réserves de ses détracteurs après le profond changement opéré par ses soins au sein du bureau politique et qui n'a toujours pas eu l'approbation du comité central dont la convocation ne serait pas à l'ordre du jour, selon Djamel Ould Abbes, qui n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler que, lors de la "plus grave crise vécue par le parti en 2003", des membres du CC avaient quitté le FLN pour rejoindre une candidature contre Bouteflika. Imputant à ces derniers des soupçons de régionalisme, leur "infidélité" aura été vaine selon lui, puisque le candidat "malheureux" à la présidentielle de 2004 a été battu dans son fief des Aurès, allusion faite à Ali Benflis. Le secrétaire général du FLN martèlera d'ailleurs qu'il n'accepterait aucune critique en rapport avec les changements apportés à la composante du bureau politique qu'il qualifie de retour à la normale plutôt qu'une purge. Djamel Ould Abbes, qui fait du bilan des vingt années de règne de Bouteflika un leitmotiv pour toutes ses sorties médiatiques, en rajoutera pour cette circonstance une couche. Nonobstant le chef-d'œuvre du président de la République, "inédit et unique de par le monde", à savoir la distribution de 50 311 logements en cette nuit du destin qu'il glorifia sans circonspection, il ne manquera pas aussi de faire l'éloge de son propre bilan depuis une année et demie qu'il est à la tête du FLN. "Trois victoires éclatantes dans des consultations qui ont consacré l'ancrage et la suprématie du FLN et qui nous permettent d'appréhender en toute sérénité les prochaines échéances, à savoir les sénatoriales de décembre prochain et la présidentielle de 2019". Confiant, il appuiera avec force que le candidat du FLN sera le président de la République à l'issue du vote de 2019. Le soutien indéfectible qu'il manifeste à chacune de ses sorties au président Bouteflika et les éloges outranciers qu'il fait du bilan de celui-ci ne laissent planer, en effet, aucun doute sur le nom du candidat du FLN à l'élection présidentielle de l'an prochain. Et nullement, le sabre et les chandeliers offerts pour la circonstance au locataire d'El-Mouradia ne contrediront cette velléité du secrétaire général du FLN. Commentant l'initiative des 14 personnalités qui ont adressé une lettre ouverte au président Bouteflika l'invitant à renoncer à la candidature pour un cinquième mandat,"un non-événement", dira-t-il. Kamel Ghimouze