Au parti FLN, l'heure est au bilan. Profitant de la rencontre initiée par le ministre de l'Intérieur avec les élus locaux, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, a organisé une réunion avec les présidents d'APW et les présidents d'APC fraîchement élus afin de les instruire d'élaborer "le bilan exhaustif des réalisations du président de la République depuis son élection en 1999". Pas un bilan exécutif, autrement dit, politique en relation avec le gouvernement, mais un bilan technique, a-t-il précisé, sans donner le moindre indice sur l'objectif de cette initiative. Les élus locaux ont devant eux, deux semaines, pour remettre leur copie suivant un document qui leur a été remis où sont sériés les secteurs concernés. À moins que cela ne soit un clin d'œil à la proximité de la présidentielle de 2019 que Djamel Ould Abbes évoquera dans le sillage du bilan "électoral", des résultats réalisés par le parti lors des trois derniers scrutins, les législatives, et les deux locales, dont, soulignera-t-il, le FLN est sorti vainqueur ; des scrutins qui interviennent à une année de la fin du quatrième mandat du président Bouteflika. Une déclaration qui ne fait pas forcément le lien avec l'hypothèse d'un cinquième mandat pour Bouteflika. Cela d'autant plus qu'Ould Abbes s'est employé à faire l'éloge de son propre bilan à travers ses victoires électorales depuis qu'il est à la tête du parti. Et son mode de gestion qui a rompu avec le mode de cooptation des candidats aux élections adopté par ses prédécesseurs. Surtout qu'il a précisé que le FLN a obtenu des résultats auxquels on ne s'attendait pas. Une surprise qui le pousse à réitérer avec insistance que le FLN "est l'Etat" au vu de ses résultats mais aussi, rappellera-t-il, de sa légitimité historique et populaire. Outre les éloges de son bilan, Ould Abbes a fait un long rappel de la relation "indéfectible" entre le FLN et le président Bouteflika, particulièrement, depuis 1998 où le comité central du parti avait tranché pour sa candidature. "Nous l'accompagnons depuis 20 ans", dira-t-il, en mettant en avant ses réalisations "inédites" depuis l'Indépendance. Cela dit, a-t-il tenu à préciser, le FLN, même s'il reste encore le parti majoritaire, ne dénigre pas et ne regarde pas de haut les autres partis politiques. Allusion sans doute au RND qu'il n'a pas cessé d'attaquer ces derniers temps ainsi que son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, qui n'a pas échappé à ses critiques acerbes. Il reviendra, par ailleurs, sur la "tripartite bis" en la qualifiant de demande d'éclairage alors qu'il avait dans un entretien affirmé l'avoir "convoquée", et sur le document final, la motion de soutien au président Bouteflika, signée avec le patronat et l'UGTA sans aller plus loin. Ould Abbes a instruit, encore une fois, les élus locaux à ouvrir des permanences pour recevoir les citoyens, les écouter et prendre en charge leurs préoccupations. On aura, en définitive, assisté, lors de cette réunion improvisée, à un discours d'Ould Abbes "relooké" expurgé de toute attaque et inoffensif comparativement à celui d'il y a moins d'une semaine. Une attitude qui soulève bien des questions. A-t-il été rappelé à l'ordre ? Pourquoi ce changement de ton ? Quel but a-t-il recherché à travers ce nouveau ton ? Lui a-t-on, pour ainsi dire, montré les limites de son rôle et des lignes rouges à ne pas dépasser pour qu'il délivre ce surprenantdiscours ? Pour la première fois, nous n'en saurons rien. Djilali B.