Le SG du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a confirmé, hier, officiellement, le coup de filet opéré dans les rangs des magistrats soupçonnés d'avoir collaboré avec l'importateur et promoteur immobilier, Kamel Chikhi. "Nous sommes au stade de l'instruction. N'accusons personne. Attendons de connaître l'aboutissement de l'enquête. Au-delà, cette affaire est une satisfaction. Elle prouve que la justice fonctionne bien et qu'elle est au-dessus de tous. Cela prouve aussi que l'Etat lutte contre la corruption", a-t-il déclaré, hier à Alger, lors d'une conférence de presse. Principal suspect dans l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis le 29 mai dernier au port d'Oran, Kamel Chikhi, surnommé "Kamel Boucher", en référence à son activité professionnelle initiale, aurait corrompu des magistrats dans le cadre de l'acquisition de biens immobiliers vendus aux enchères publiques, supervisée par les services du ministère de la Justice. Certains de ces hommes de loi lui auraient également permis de gagner des procès face à des riverains de plusieurs quartiers chics de la capitale qui s'opposaient à la réalisation de ses projets immobiliers. Sur instruction du ministre de la Justice, le président du tribunal administratif d'Alger, la procureure adjointe près la cour d'Alger, le procureur de la République du tribunal de Boudouaou et son substitut ont été suspendus de leurs fonctions, lundi dernier, pour des interférences présumées dans des procédures en justice. Les investigations actuelles de la justice ciblent globalement 28 magistrats et deux cadres supérieurs du ministère de la Justice pour abus de fonction et corruption. Parmi eux, le procureur général de la cour de Sétif et anciennement procureur de la République au tribunal d'Hussein-Dey, qui a été auditionné, jeudi 21 juin, par une commission d'enquête dépêchée par le ministère de tutelle. Concernant l'affaire principale, en l'occurrence la saisie de cocaïne au port d'Oran, Ouyahia accrédite la thèse de la "main extérieure". "Je ne commente pas une affaire en justice, mais je dis sans excès que l'Algérie vit une agression à travers le flot de drogue qui s'abat sur nos frontières. C'est une tentative de pourrir la société algérienne de l'intérieur à travers d'abord notre jeunesse", affirme le secrétaire général du RND qui revendique l'application de la peine de mort contre les trafiquants de drogue. "Je ne parle pas d'un jeune qui serait pris dans un contrôle avec un gramme de drogue, celui-là, la justice le jugera selon la loi, mais je parle de ceux qui veulent détruire le pays", précise Ahmed Ouyahia. À la question de savoir si cette affaire n'a pas discrédité l'Etat, il réplique que "cela aurait gêné, si la cocaïne n'avait pas été saisie. L'Etat mène une guerre contre la corruption et les ennemis de l'Algérie", dit-il. Nissa H.