180 pieds-noirs juifs français ont séjourné, hier, à Oran, dans le cadre d'un voyage organisé par l'Office national algérien du tourisme (Onat). Arrivés en provenance de Paris, tard dans la soirée de dimanche, à l'aéroport d'Oran Es- Sénia, le groupe, composé de pieds-noirs français et d'anciens coopérants, s'est aussitôt dirigé vers un hôtel de la corniche oranaise où il a pris ses quartiers. Hier matin, quelques pieds-noirs se sont aventurés, sans escorte, dans les venelles de l'ancien quartier européen de Miramar, où ils ont pu visiter leurs demeures. Pour certains d'entre eux, qui renouent avec leur quartier natal pour la première fois depuis des décennies, ce furent, sans conteste, l'émotion et la surprise. “C'est une situation émotionnelle très difficile à gérer du fait des retrouvailles entre nous et les habitants de la ville”, dira Mme Bortoloni, une ancienne habitante de ce quartier du centre-ville. À l'aéroport d'Oran Es-Sénia, d'anciens étudiants oranais ont accueilli leurs anciens professeurs dans une ambiance pathétique. Hier, les touristes français ont visité le fort de Santa-Cruz et la chapelle de la Vierge Marie. Les habitants de Sidi El-Houari et de l'ancien quartier espagnol de St-Louis ont réservé un accueil particulier aux Français, avec le traditionnel plateau de dattes et de lait. De vieilles maisons à l'état de ruine ont été également visitées par leurs anciens occupants qui avaient du mal à retenir leurs larmes. “Nous sommes réellement désarmés devant ce genre de situation très difficile, à cause de la spontanéité des évènements”, affirme Mme Bensaïd, directrice de l'Onat. Organisé en pension complète par l'Onat, ce deuxième voyage organisé va durer une semaine sous forme de périple à travers l'ouest, le centre et l'est du pays. B. GHRISSI