Quelques heures avant son limogeage brusquement annoncé avant-hier, le désormais ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général Abdelghani Hamel avait fait quelques déclarations pour le moins fracassantes en se confiant aux médias nationaux sur l'affaire des 701 kilos de cocaïne saisis à Oran. Il a notamment jeté un véritable pavé dans la mare, en promettant de mettre à la disposition de la justice des dossiers qu'il détiendrait concernant cette affaire dont les ramifications s'étendraient, selon les informations fuitées dans la presse, à des proches de plusieurs hauts responsables dont le chauffeur personnel du DGSN. "Même si (notre) institution, (la DGSN, Ndlr) n'est pas directement concernée par les enquêtes, nous allons présenter à la justice l'ensemble des dossiers que nous détenons concernant cette affaire parce que, je le répète, notre confiance en la justice est grande", a-t-il déclaré. Le tout, avant de s'en prendre, dans des propos tout aussi fermes, à ceux-là qui voudraient lutter contre la corruption et qui ne seraient pas, eux-mêmes, assez "propres" pour mener à bien une telle mission. M. Hamel, alors encore en poste, ne nommera, néanmoins, personne. "Celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre", a-t-il, en effet, répété dans son intervention filmée qui allait vite faire le tour du pays. Qui visait-il par cette accusation ? Quelle est la nature de ces dossiers ? Pourquoi le DGSN a pris tout ce temps pour enfin en parler, l'affaire remontant à fin mai dernier ? M. Hamel mettra-t-il à exécution sa menace de saisir la justice ? Les réponses à ces questions n'émaneront, certainement pas, du concerné. Une chose est sûre, néanmoins, il ne remettra aucun dossier à la justice. Du moins pas en sa qualité de DGSN. Désormais démis de ses fonctions, peut-être à cause de ses déclarations, le général est, de plus, tenu de ne pas violer le devoir de réserve. La loi portant statut des officiers de réserve et des personnels militaires, adoptée en 2016, stipule, en effet, que les militaires à la retraite (ou mis à la réserve) sont "interdits de tout acte, déclaration ou comportement susceptibles de compromettre l'image des institutions et des autorités publiques". Ainsi, cette sortie médiatique de M. Hamel sera probablement sa dernière. Aussi, M. Hamel qui parlait de la DGSN juste avant d'en être évincé dans la même journée, cédant la place à Mustapha El-Habiri, devrait, vraisemblablement, remettre les dossiers en question à son successeur. Ce qui risque de faire peser une nouvelle chape de plomb sur ses dossiers, pour ne pas dire les "enterrer". Cela d'autant plus que le limogeage du général serait intimement lié à la guerre des clans engagée au sommet de l'Etat. Le moins que l'on puisse dire est que cette sortie ouvre désormais la voie à toutes les spéculations. Farid Abdeladim