Le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, est revenu, hier, sur l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis à Oran, le 29 mai dernier. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ces déclarations sibyllines vont alimenter les spéculations les plus osées sur le dossier. Entre un « pas d'immunité » du ministre de la Justice et l'indication sur une « enquête préliminaire a été marquée par des dépassements » du patron de la police algérienne, peu de place est laissé à l'improvisation. Les deux déclarations, rendues publiques en moins de 24 heures, renseignent sur le degré de complexité d'une affaire qui n'a pas livré tous ses secrets. « Il y a eu des dépassements lors de l'enquête préliminaire, mais les juges étaient vigilants », une vérité assénée par le DGSN qui ne donnera, par contre, aucune précision sur la ou les parties qui sont derrière ces manœuvres. Plus énigmatique encore, il affirme que « celui qui veut lutter contre la corruption doit être propre ». A qui faisait-il référence ? Là aussi, et en absence d'indications précises, le débat est ouvert et toutes les lectures sont possibles à la lumière des rumeurs qui circulent autour de personnalités impliquées dans ces quatre affaires. Même si la police n'est pas concernée par cette enquête ; ce sont les militaires qui ont pris en charge le dossier ; le DGSN a indiqué que son institution va « transmettre les dossiers en notre possession concernant cette affaire à la justice », en réitérant, au passage, « sa grande confiance dans la justice». Pour rappel, la police s'est trouvée impliquée dans cette affaire lorsque la presse avait évoqué l'arrestation du chauffeur personnel de Abdelghani Hamel, ce qu'a démenti la DGSN précisant que le suspect n'est qu'un simple employé du parc automobile de la police. Ainsi, les réactions s'enchainent mais peu d'informations sont données. La dernière en date est celle de Tayeb Louh qui a rompu le silence autour de ce dossier. Lundi, il a indiqué que le principal accusé, en l'occurrence Kamel Chikhi, est visé par quatre enquêtes dont deux sont liées au trafic d'influence et une sur le blanchiment d'argent. Sans donner plus de détails, là aussi, il révèle que « six personnes sont en détention » et «12 autres seront présentées au juge » et « pourraient être mises en prison ». Des commissions rogatoires internationales ont également été délivrées par la justice dans le cadre de l'enquête sur le trafic de drogue. Le Syndicat national des magistrats (SNM) avait lui affirmé, dans un communiqué, rendu public samedi dernier, que les informations relayées sur une pseudo-implication de juges dans l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis au port d'Oran ont pour objectif de « faire dévier l'enquête » et visent « à attenter à la crédibilité de la justice et à ses institutions ». Un appel repris par le ministre de la Justice qui a déclaré qu'« il faut respecter les institutions, les responsables des institutions ». A l'adresse des sceptiques qui pensent que la justice ne va pas aller à fond dans cette affaire, Louh a promis qu'il n'y aura « pas d'impunité».