Décidément, les journalistes constituent l'une des corporations les plus ciblées au monde. Dans un communiqué rendu public ce week-end, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) déplore au moins 147 morts dont 36 journalistes professionnels, 9 journalistes-citoyens et 2 collaborateurs de média, et ce, rien que durant le premier semestre de l'année en cours. Ceci, alors qu'une rédaction d'un journal américain a été, hier, victime d'une fusillade qui a fait 5 morts. Ce qui porte le nombre de professionnels des médias tués à 152. Le Capital Gazette, journal local d'Annapolis, capitale de l'Etat américain du Maryland, a été, selon la police locale, relayée par les agences, "délibérément" attaqué par un homme âgé de 38 ans, habitant de cette ville, à une heure de route de Washington. Parmi les cinq victimes, trois hommes et deux femmes, il y avait le rédacteur en chef-adjoint du journal, Robert Hiaasen, âgé de 59 ans. Dans son communiqué, RSF classe l'Afghanistan (11 journalistes tués), la Syrie (7), le Yémen (5) et le Mexique (5) parmi les pays les plus meurtriers. D'où, révèle l'organisation, la consécration d'un tiers de son budget alloué au soutien des journalistes à travers le monde à ces quatre pays. Cible de plusieurs attentats depuis le début de l'année, l'Afghanistan vient à la 118e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Ce pays enregistre, cette année, le plus grand nombre de victimes avec onze journalistes tués depuis janvier, alors que de nombreux autres sont menacés en permanence par les différentes parties au conflit. En Syrie et au Yémen, occupant respectivement les 177e et 167e places au classement mondial de la liberté de la presse, RSF déplore la mort, dans le premier pays, d'un journaliste professionnel, cinq journalistes-citoyens et un collaborateur et, dans le deuxième, trois journalistes professionnels et deux journalistes-citoyens lors du premier semestre 2018. "Dans ces deux pays, véritables trous noirs de l'information, de nombreux journalistes n'ont pas d'autres choix, face à la menace, que d'abandonner leur métier, voire de quitter le pays", regrette RSF qui présente, par ailleurs, le Mexique, 147e au classement, comme "le pays le plus dangereux" du continent américain pour les journalistes. Au moins cinq journalistes y ont été assassinés depuis le début de l'année. F. A.