Résumé : Lla Kheira ne rate pas l'occasion de rappeler à son mari et à son fils, qu'après une année de mariage, Fettouma n'avait pas encore enfanté. Si Tayeb s'insurge contre les idées de sa femme. Mahmoud propose de retourner au magasin pour mettre fin à tout ce manège. Si Tayeb acquiesce. -Oui, mon fils. Mais allons tout d'abord prendre un café chez Si Omar. Il remet son tarbouche sur sa tête et se retourne juste au seuil de la porte pour lancer un regard plein de reproches à sa femme. -Tu as le don de bousculer les gens et de gâcher leurs journées. Gare à toi si tu malmènes Fettouma. Tôt ou tard, je le saurai, et tu en auras pour tes frais. Lla Kheira hausse les épaules et prend cet air courroucé qu'on lui connaissait. Elle jura de ne pas ouvrir la bouche de la journée et ressortit dans la cour avant de se diriger vers le patio où elle s'allongea sur une natte. Fettouma débarrasse la table et sort à son tour dans la cour pour faire la vaisselle. Quelques jours passent. Fettouma tente tant bien que mal de faire face aux caprices de sa belle-mère, d'autant plus que Mahmoud redoublait d'attention envers elle. Chaque soir, lorsqu'ils se retrouvaient, ils discutaient de leur ménage et des contraintes qu'ils rencontraient. Mahmoud avait même relevé que sa mère dépassait les bornes de la décence en sermonnant Fettouma devant les voisines. Le plus souvent, elle l'accusait de manquer à son rôle d'épouse et, surtout, s'entêtait à ignorer ses instructions. Un soir, Mahmoud surprend sa jeune femme en larmes et comprend vite qu'elle venait de subir un autre excès de colère de la vieille Kheira. Il passe une main caressante sur ses cheveux et tente de la consoler. -Elle finira bien par se rendre compte de son agressivité, et revoir sa conduite envers toi, lui dit-il. -Ma mère n'est pas née de la dernière pluie. Elle aussi a eu à essuyer les foudres de ma grand-mère tout au début de son mariage. -Mais voyons, Mahmoud, là n'est point la raison. Au contraire, ta mère aurait pu tirer des leçons de son passé et changer son comportement envers moi. -Je sais, Fettouma. Mais c'est ainsi. Les femmes entre elles sont comme ça. Les vieilles s'imposent et les jeunes subissent. Sa jeune femme secoue la tête. -Je dois donc subir sans broncher. Mahmoud lui entoure les épaules de son bras. -Mon père a décidé de faire le ménage dans sa maison. Et crois-moi, cela ne va pas tarder. Si Tayeb a toujours su mettre de l'ordre dans ses affaires sans froisser la susceptibilité des personnes. Il connaît assez sa femme et sait comment se conduire avec elle. -Tout de même, je n'aimerais pas qu'il y ait du grabuge à cause de moi. -Non, il n'y aura rien. Mon père est sage, et il saura remettre les pendules à l'heure sans trop de mal. Il toussote puis reprend : -Je ne sais pas si je devrais te le dire. Il se frotte le menton. -Je crois qu'on va acheter toute la bâtisse. Fettouma écarquille les yeux. -La bâtisse ? Tu veux dire notre bâtisse. Toute cette grande maison ? (À SUIVRE) Y. H.