Le ministre des Affaires religieuses fait part de "tentatives insistantes d'accaparer des perchoirs de mosquées" et précise que "cela est l'œuvre d'extrémistes qui ont réussi à infiltrer des groupes qui, initialement, étaient pacifistes". Confronté à la montée du courant wahhabite et salafiste dans les mosquées, le ministre des Affaires religieuses a décidé de réagir. Mohamed Aïssa a, en effet, décidé de geler le renouvellement des "comités de mosquée". Dans un court texte posté sur sa page facebook, le ministre des Affaires religieuses a indiqué que "c'est parce que le renouvellement de ces comités est devenu un danger pour les imams" et que le renouvellement des comités de mosquée "se fait dans l'anarchie, les tiraillements et la violation de la sacralité de ces lieux de culte". La décision du ministre des Affaires religieuses est intervenue suite à des escarmouches signalées lors du renouvellement de certains comités de mosquée. C'est le cas de la wilaya de Chlef où, dans certains lieux de culte, le renouvellement de ces associations, qui s'occupent notamment de l'entretien des mosquées, a donné lieu à des batailles rangées entre des partisans de différentes tendances religieuses. Les salafistes voulant toujours avoir de l'influence sur les lieux de culte, n'hésitent pas à utiliser la violence. Cela s'est passé récemment à Aïn-Naâdja, à Alger, où un imam a été poignardé. Un autre fonctionnaire des Affaires religieuses a été assassiné à Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, par un salafiste. Les deux hommes n'étaient pas d'accord sur l'explication d'un fait religieux. L'assaut des salafistes sur les mosquées semblent être la motivation principale de Mohamed Aïssa. Le ministre des Affaires religieuses révèle, lui-même, des "tentatives insistantes d'accaparer des perchoirs de mosquées". Cela est l'œuvre "d'extrémistes qui ont réussi à infiltrer des groupes qui étaient, initialement, pacifistes", écrit Mohamed Aïssa sur sa page. Le ministre souligne que cet extrémisme a poussé jusqu'à l'assassinat de deux imams. Le membre du gouvernement ne cite pas le lieu où cela s'est produit. Mais il précise que la justice a été saisie. Outre les comités de mosquée, le ministre révèle que ces "extrémistes" veulent accaparer des mosquées de la République par d'autres moyens. Il cite, entre autres, l'utilisation des tribunes des mosquées, des comités de ces lieux de culte, des associations, des réseaux sociaux et même de certains médias pour la promotion d'idées extrémistes. M. Aïssa ne cite pas de quel courant il s'agit. Mais l'allusion au salafisme est très claire. Nette. Pour mieux illustrer la gravité de son propos, Mohamed Aïssa rappelle le temps où les obscurantistes utilisaient les tribunes de Head Park, à Londres, pour prêcher un discours haineux. Les mosquées algériennes étaient devenues, durant les années 1990, un "Head Park" ce qui "nous a coûté très cher". Le ministre évoque ici des dirigeants du FIS qui utilisaient les mosquées pour diffuser leur discours politique. "Aucune mosquée du pays ne deviendra Head Park... Les mosquées de la République seront protégées par la République", a noté le ministre qui semble défier ses adversaires. Le ministre des Affaires religieuses a déjà annoncé que son département allait s'attaquer à ceux qui veulent pousser le pays à "retourner aux années 1990". Seuls les courants salafiste et wahhabite poussent dans ce sens. Ali Boukhlef