Dans un délai de deux ans, 40% des détenus du droit commun bénéficieront de l'un des régimes de l'aménagement des peines, a annoncé M. Mokhtar Felioune. Le chef du gouvernement a signé, à la fin de la semaine dernière, deux décrets exécutifs supplétifs au code de l'organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus, publié au Journal Officiel du 6 février 2005. Le premier texte réglementaire porte sur la création et l'organisation d'une commission d'application des peines dans chacune des prisons ouvertes sur l'ensemble du territoire national. Le second dispose de l'installation de la commission nationale de l'aménagement des peines, qui sera présidée par un magistrat de la cour suprême et dans laquelle siégeront deux personnalités indépendantes choisies par le ministre de la Justice, garde des sceaux. M. Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire, a affirmé que la présence de deux personnalités de la société civile dans cette structure devrait garantir “l'impartialité des décisions de l'administration”. Il a expliqué, aussi, que la journée d'étude, organisée hier à l'hôtel des magistrats de Ben Aknoun, était exclusivement destinée aux juges d'application des peines, qui auront la lourde tâche de mettre en œuvre les nouvelles dispositions de la loi citée précédemment. “Cette loi donne aux juges d'application des peines de larges pouvoirs de décision, alors que celle de 1972 ne leur permettait que de faire des propositions au ministre de la Justice, seul habilité à prendre des mesures en faveur des détenus”. Désormais, le juge d'application des peines jouit de la prérogative d'accorder aux condamnés définitifs, auxquels il reste 24 mois de détention à purger, la liberté conditionnelle. Au-delà de cette échéance, il reviendra à la commission nationale de statuer sur le sort des prisonniers de droit commun éligibles à l'un des régimes de l'aménagement des peines (liberté conditionnelle, semi-liberté, travail en milieu ouvert…). Selon M. Felioune, 40% des prisonniers condamnés définitivement verront leur peine allégée ou seront carrément mis en liberté conditionnelle, dans les deux ans à venir. Ces mesures toucheront essentiellement des détenus du droit commun, condamnés à la prison pour la première fois, ayant fait preuve d'une conduite exemplaire et surtout n'ayant plus à purger que deux années ou moins. “Nous ciblons une population d'environ 8 000 personnes incarcérées, dont 2 000 seront destinées au travail en milieu ouvert (dans les champs ou les forêts)”, a-t-il précisé. L'objectif caché est de faire baisser le taux d'occupation des établissements pénitentiaires, estimé approximativement à 200% de la capacité d'accueil. “Chaque détenu dispose de moins de 2m2. C'est largement en deçà des normes internationales requises”, a reconnu le premier responsable de l'administration pénitentiaire. Selon une statistique établie au mois d'avril dernier, la population carcérale s'élève à 41 500 personnes (parmi lesquelles 665 femmes et 675 mineurs), réparties dans 127 prisons dont 57 ont été construites avant l'an 1900. “Le secteur a lancé un programme de réalisation de 51 établissements pénitentiaires d'ici à 2009. Onze chantiers seront lancés au cours de cette année”, a annoncé M. Felioune. Ces centres seront implantés à Blida, Mascara, Tiaret, Jijel, Béjaïa, Koléa et Khemis El-Khechna. Au fur et à mesure de la réception de ces prisons, l'Etat procédera à la fermeture des pénitenciers, âgés de plus d'un siècle. La prison de Serkadji sera, à ce titre, reconvertie en une autre fonction (probablement musée) dès la livraison du centre de Koléa, a indiqué M. Felioune. Souhila H.