Le directeur de l'administration pénitentiaire, Mokhtar Felioun, a présenté hier le bilan de la réforme pénitentiaire entrée en vigueur depuis la promulgation de la loi 05-04 de février 2005 portant code de l'organisation pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus. Une loi, faut-il le rappeler, qui s'inscrit dans le cadre de l'adaptation de l'arsenal législatif et réglementaire algérien avec les mutations nationales et internationales. Selon l'invité du forum d'El Moudjahid, les conditions des détenus ont connu une amélioration. L'utilisation du téléphone par les détenus pour rester en contact avec leurs familles est une mesure importante en plus de l'attribution de l'aide sociale et financière au profit des détenus lors de leur libération. Concernant l'humanisation des conditions de détention, M. Felioun a évoqué les différentes mesures prises par son administration. A cet effet, il a déclaré que l'ensemble des établissements pénitentiaires sont dotés de systèmes de chauffage central, 96 quartiers spéciaux pour détenus malades ont été créés au niveau des hôpitaux et les établissements pénitentiaires sont dotés de véritables structures sanitaires. Les effectifs des personnels médicaux et paramédicaux, assistantes sociales et psychologues, explique l'orateur, sont passés de 307 employés en 2002 à 1 202 en 2008. Dans le souci de la transparence, M. Felioun a indiqué que plusieurs institutions internationales, dont la Croix-Rouge et les organisations nationales et internationales activant dans le domaine des droits de l'Homme, ont visité les établissements pénitentiaires. «Nous avons octroyé 65 autorisations de visite au profit des différents organes d'information», a précisé M. Felioun. L'évolution des personnels médicaux et paramédicaux au sein des établissements pénitentiaires est une réalité incontournable. Le conférencier a indiqué que le nombre de médecins généralistes est passé de 146 en 2002 à 411 en 2007. Le nombre de psychologues a également connu une amélioration puisqu'il est passé de 62 en 2002 à 424 en 2007. Au plan de la réinsertion sociale des détenus, M. Felioun a indiqué que le nombre de détenus inscrits à l'effet de suivre des cours d'alphabétisation et d'enseignement a connu une évolution entre 2002 et 2008. «Le nombre est passé de 1 720 à 15 740 inscrits.» Le nombre de détenus ayant subi avec succès l'examen du baccalauréat durant la période s'étalant de 2002 à 2008 est de 1 128. Cette année, le nombre de détenus ayant obtenu l'examen du BEM est de 769, le nombre de détenus ayant passé l'examen du bac est de 1 857. Evoquant le bilan de la mise en œuvre des différents régimes de réinsertion de 2005 jusqu'à avril 2008, M. Felioun a affirmé que son département a enregistré 7 545 bénéficiaires de la libération conditionnelle, 1 399 bénéficiaires de la semi-liberté et 8 268 bénéficiaires de la permission de sortie. «Les résultats sont très satisfaisants puisque, depuis 2003, sur l'ensemble des détenus ayant bénéficié de la liberté conditionnelle, il n'y en a qu'un seul qui a commis un crime.» Dans le but de moderniser les infrastructures pour améliorer les conditions de détention et pour faire face à la population carcérale qui est de l'ordre de 59 000 dont la majorité est composée de jeunes de moins de 30 ans, l'Algérie compte réaliser un programme qui consiste notamment au lancement des travaux de réalisation de 81 établissements pénitentiaires répondant aux normes internationales. 13 établissements d'une capacité d'accueil de 19 000 places dans le programme d'urgence. Par ailleurs, M. Felioun a regretté l'absence en Algérie de peines alternatives. Il a cité l'exemple de la France où, sur 132 000 personnes poursuivies en justice en 2004, seules 59 ont été emprisonnées alors que les autres ont subi plusieurs formes de substitution à l'incarcération. A la question de savoir si l'ex-«émir» du GSPC, Hassen Hattab, se retrouve dans un établissement pénitentiaire, M. Felioun a déclaré : «Je ne suis pas censé connaître la liste des détenus, mais ce nom [Hattab, ndlr], je ne l'ai pas vu.» C. B.