Le ministre des travaux publics, Amar Ghoul, a annoncé, hier, que la réalisation des projets de son département pour le prochain quinquennat (2005-2009) nécessitera la mobilisation de 50 millions de tonnes de granulats dont 20 millions de tonnes de sable. Ces besoins, induits par l'importance du programme du gouvernement en matière d'infrastructures de base, ne pourront être satisfaits, s'accordent à dire les spécialistes, que par “un recours massif, voire généralisé” au sable de concassage. Ce matériau de substitution s'imposera d'autant plus que, simultanément au lancement des grands projets d'infrastructures, notamment l'autoroute est-ouest, il est annoncé l'interdiction prochaine de toute extraction de sable de plage et de lits d'alluvionnaires. C'est d'ailleurs autour de cette problématique que les travaux d'une journée d'étude organisée, hier, à l'hôtel Ryad de Sidi Fredj, à Alger, se sont articulés. “Bien que le problème du sable ne soit pas nouveau (…), il a pris à présent une tournure critique qui nécessite une prise en charge rapide et concrète”, lit-on dans une note distribuée à la presse à l'ouverture des travaux. L'intervention de M. Ghoul a consisté précisément à cerner, à travers différentes orientations aux participants à la journée d'étude et représentant les divers acteurs intervenant dans la réalisation des infrastructures (ministères des travaux publics, de l'Aménagement du territoire et de l'environnement, de l'énergie et des mines, de l'Habitat et de l'urbanisme, des Ressources en eaux, maîtres d'ouvrages, bureaux d'études, entreprises de réalisation, producteurs de granulats, universités et écoles), les éléments d'une prise en charge. Le ministre a préconisé “la révision des normes d'utilisation du sable”, lesquelles doivent être “actualisées” dans le respect des prescriptions scientifiques et de la réglementation, mais également “à la lumière de l'expérience acquise sur le terrain”. Il s'agira de prendre en compte tout particulièrement “la sécurité des ouvrages” qui, a-t-il indiqué, dépend à 85% de la qualité des granulats utilisés, donc beaucoup du sable. D'où cette initiative du ministère des travaux publics qui annonce l'élaboration “dans les plus brefs délais” d'un guide détaillé d'utilisation des granulats dans lequel seront indiquées les quantités et normes à respecter en fonction de la nature de l'ouvrage et de son environnement. Amar Ghoul a également annoncé l'élaboration d'“une cartographie nationale des granulats” dont le but est de situer dans l'espace, à des fins d'optimisation des coûts, les différents gisements de granulats. Ainsi, les chantiers seront approvisionnés à partir des gisements les plus proches possibles, ce qui évitera des surcoûts car, a encore indiqué le ministre à titre d'exemple, “le prix du sable augmente à raison de 100% tous les 40 kilomètres lorsqu'il est transporté d'un point à un autre”. Autre orientation, le ministre a proposé aux participants de “définir une méthodologie d'exploitation rationnelle des carrières” en ayant à l'esprit “la nécessité vitale” de préserver l'environnement et l'écosystème. M.Ghoul n' a pas manqué, à ce propos, de reprocher aux organisateurs de la journée d'étude de n'avoir pas programmé une communication sur la relation entre la réalisation des projets d'infrastructures et l'indispensable sauvegarde du patrimoine environnemental. Le ministre a annoncé, en outre, la réouverture, dès la prochaine rentrée universitaire (2005/2006), de la filière d'ingéniorat spécialité carrière à l'école nationale des travaux publics (ENTP), afin de suppléer au manque d'encadrement de qualité et d'assurer un fonctionnement optimal des unités de production de granulats existantes ou à venir. M. Ghoul a souhaité enfin que les moyens de production soient rapidement accrus et renforcés par des investissements dans le créneau sable et agrégats. Lors d'un point de presse en marge de la conférence, il a fait savoir que des mesures incitatives “sous forme de facilités administratives, notamment dans l'accès aux prêts bancaires, et d'avantages fiscaux devraient être accordées” afin de fouetter l'investissement dans ce domaine. Farouk LEKHMICI