Des artistes peintres de la promo 2004 de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger se sont réunis le temps d'une exposition à la galerie Mustapha-Kateb. Cette "Ellema" est une union qu'ils projettent comme un mouvement dans l'avenir dans la peinture. Une bande de copains, sans doute nostalgiques des années qu'ils avaient vécues ensemble à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, ont décidé de rétablir les ponts et d'aller l'un vers l'autre. L'optique ? Revivre le temps qu'ils n'avaient pas vu passer, a-t-on su de l'artiste peintre Soraya Korichi. Mais au lieu d'une pause-café qui entraîne "l'Insomnie", nos "chahuteurs" d'hier ont eu l'idée de rétablir le pont à la faveur du lien Facebook qui leur a ouvert les portes de la galerie d'art du centre culturel Mustapha-Kateb, où ils rient de l'art naïf du temps où ils étaient potaches. Est-ce l'oracle d'Eugène Delacroix qui s'est accompli à la faveur de sa citation ? "Dans la peinture, il s'établit comme un pont mystérieux entre l'âme des personnages et celle du spectateur." Mais qu'il s'agisse de l'art naïf ou de l'art indiscipliné selon l'expression du poète Arthur Rimbaud (1854-1891), cela importe peu, du fait que le talent qu'ils ont hérité de leurs maîtres excuse l'innocence de l'étudiant qu'ils étaient. Fédérés ainsi autour de l'étendard d'"Ellema", qui signifie "ré-union", nos compères de la promotion de 2004 se suffisent juste de la deuxième syllabe qu'est l'union et qu'ils projettent comme un mouvement dans l'avenir de la peinture à l'instar d'"Aoucham" (tatouages). À ce titre, la toile de l'artiste peintre Saïda Boussekine que nous intitulons Savoir et désarroi reflète l'incertitude qui, néanmoins, s'efface peu à peu sur le tableau de l'école algérienne ainsi que cette tablette qui s'est substituée au livre et ces graffitis pour la plupart satiriques ou caricaturaux sur les murs du "hitiste". Autant de maux auxquels pend la... corde du désespéré que l'on ne connaissait d'habitude qu'aux films westerns. Néanmoins, tout n'est pas perdu, puisqu'il y a la "fleur" qui s'oppose à tout ce qui se fomente à l'encontre de l'éclosion du génie algérien. Autre image de joie que l'on doit à Mahroua Abdelhalim, ce "joueur de luth" autour duquel s'ensemencent le rire et les tendres aveux des filles de l'orientaliste Etienne Dinet (1861-1929) auxquelles se joignent La femme voilée de "La Casbah". Autre ravissement de "l'œil" de Djalil Nedjar, il y a également la toile à l'huile d'Ahmed Zerib, où s'alignent l'angle du palais de la Consulaire et la perspective du minaret de la mosquée de la Pêcherie d'Alger qui scintille dans le mode by-night. Autant dire que l'attrait est dans l'aspérité saillante de l'abstrait, où l'acrylique se goûte dans l'amalgame de nuances pigmentées et de l'arcanson sur canson sur le triptyque de toiles d'Esmaïl Limach. À l'opposé de la gaîté des retrouvailles d'anciens potaches, il y a aussi "La solitude de la femme" que compte quatre toiles réalisées dans l'acrylique de Miloud Boumkhila. Pour le reste, le mieux est d'y aller pour porter ce "regard vers l'horizon" de Nabila Berdjane et de humer l'air du champ de coquelicots de Saïd Rahmani, où s'esquisse l'abstrait de Mourad Benalouane qui se refuse à la réalité. Allez-y donc ! C'est jusqu'au 9 août prochain. Louhal Nourreddine