Rien que pour le mois de juillet 2018, la Protection civile a enregistré 13 morts et 150 blessés, dans pas moins de 200 accidents de la circulation. L'axe autoroutier reliant Bouira à Lakhdaria, sur une distance de 33 kilomètres, est surnommé à juste titre autoroute de la mort. Et pour cause, ce tronçon de l'autoroute Est-Ouest, tristement célèbre pour ses malfaçons et ses éternels travaux, n'en finit plus de faucher des vies humaines. Rien que pour le mois de juillet, les services de la Protection civile locale ont enregistré 13 morts et 150 blessés, dans pas moins de 200 accidents de la circulation, dont 60 survenus sur ce tronçon et pratiquement tous, impliquant des camions de gros tonnage. Et c'est bien là que le bât blesse ! Ces poids lourds ont en principe l'interdiction formelle de ne pas emprunter l'autoroute Est-Ouest et doivent en théorie, passer par la RN5, quitte à constituer un goulot d'étranglement dans la commune d'Aomar (ouest de Bouira). Cette interdiction a été relativement respectée durant un temps et ses effets ont été palpables : moins d'accidents mortels sur ce tronçon pour la période 2016-2017. Or et contrairement à ce qu'on pourrait penser à première vue, ce sont bien les pouvoirs publics qui ont "exceptionnellement" accordé une dérogation pour le passage des poids lourds sur ce tronçon. Pourquoi ? Eh bien, la bretelle d'Oued R'khem, laquelle débouche de l'autoroute Est-Ouest vers la RN5 et plus précisément dans la localité de Zeboudja, est actuellement en cours de réhabilitation. Des travaux lancés au mois d'avril 2017 et qui devaient initialement durer six mois : quatorze mois se sont écoulés et ce tronçon n'est toujours pas réhabilité. Pourtant les pouvoirs publics, notamment les services de la direction des travaux publics (DTP) de Bouira avaient le choix de fermer partiellement le trafic au niveau de la descente de Zeboudja, ce qui aurait permis le passage des poids lourds en provenance de la bretelle autoroutière, tout en permettant à l'entreprise réalisatrice d'effectuer ses travaux, du moment que la chaussée est assez large pour le permettre. Cependant et comme c'est de "coutume", les autorités ont opté pour la solution de facilité : fermer. Et ce qui devait arriver arriva ! Des camions de gros tonnage qui perdent leurs freins dans la terrible descente de Belahneche, où le dénivelé atteint les 25% à certains endroits, emportent tout sur leur passage. D'ailleurs, les conducteurs les plus prudents rongent littéralement leurs freins au cours de cette descente infernale. "Je roule la peur au ventre ! Ce tronçon porte bien son nom, mais que voulez-vous, on n'a pas le choix. L'ancienne route est en travaux", dira un camionneur croisé sur la bande d'arrêt d'urgence, en train de vérifier ses freins. Pour notre interlocuteur, les pouvoirs publics auraient mieux fait de laisser la circulation via la RN5. "Cette décision, je ne la comprends pas. D'un côté, on accuse les camionneurs d'être des fous du volant, de l'autre, on nous oblige à emprunter cette descente. C'est à ne rien comprendre", dit-il. Pour comprendre cette décision qui en laisse plus d'un perplexe, il faudrait remonter au mois de février 2017, où les citoyens de Zeboudja ont manifesté en fermant à plusieurs reprises l'autoroute Est-Ouest, réclamant la réhabilitation de leur tronçon, ainsi que l'interdiction des passages aux poids lourds. Les autorités avaient pour ainsi dire agi sous la pression populaire, sans penser aux répercussions. Et ces dernières sont pour le moins dramatiques : les carambolages impliquant des poids lourds sont légion à Bouira et le nombre de morts se compte par dizaines chaque mois. RAMDANE BOURAHLA