Incarcéré depuis le 16 juillet dernier, le militant chaoui des droits de l'Homme et de la cause amazighe, Salim Yezza, a été enfin jugé hier, par le tribunal de Ghardaïa qui l'a condamné à un an de prison avec sursis et une amende de 100 000 DA. Le délit retenu contre lui est relatif à "l'incitation à la haine" sur les réseaux sociaux. Le 24 juillet, le procureur de la République près du même tribunal correctionnel avait requis deux ans de prison ferme pour "incitation à attroupement" et "incitation à la haine". Si l'accusé doit être remis en liberté après ce jugement, sa défense ne compte pas pour autant lâcher l'affaire. Mécontent de la décision de justice, son avocat, Kouceila Zerguine, annonce, en effet, qu'il fera appel. "Il sera interjeté appel sur cette décision dans les délais prévus par le code de procédure pénale", a indiqué Me Zerguine dans un post publié sur sa page Facebook aussitôt le verdict connu. La défense, ajoute-t-il, envisage, en outre, de "saisir les deux rapporteurs spéciaux de l'ONU en l'occurrence Michel Forest, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, ainsi que David Kaye, rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression". Selon Me Zerguine, "l'état de santé de Salim Yezza s'est dégradé depuis son incarcération le 16 juillet du fait de son métier — par le passé — de tailleur de pierre". Installé en France en 2011, Salim Yezza, faut-il le rappeler, a été arrêté à l'aéroport de Biskra alors qu'il devait retourner en France après avoir assisté à l'enterrement de son père. La justice lui reproche d'avoir notamment "exprimé sur sa page Facebook sa solidarité avec les Mozabites". Son militantisme pour la cause berbère quand il vivait encore en Algérie n'est, certainement, pas pour rien dans cette affaire. L'incarcération du militant avait suscité un grand élan de solidarité dans la société civile et notamment parmi les organisations de défense des droits de l'Homme. Outre les dommages causés à M. Yezza et à sa famille, le moins que l'on puisse dire c'est que cette affaire restera comme une autre tache noire dans les annales de la justice algérienne. F. A.