À l'issue de la 1re édition des Rencontres annuelles Méditerranée-Afrique des jeunes écrivaines (Ramaje), le 2 septembre à Alger, sera lancé le "Prix Yamina-Mechakra" du roman en trois langues (français, arabe, tamazight). La Bibliothèque nationale d'El-Hamma à Alger s'apprête à accueillir, les 1er et 2 septembre, la première édition d'un rendez-vous littéraire intitulé : Rencontres annuelles Méditerranée-Afrique des jeunes écrivaines (Ramaje). Ces rencontres dédiées à la littérature féminine, qui se veulent une "plateforme de réflexion autour du féminin dans la littérature et les métiers qui lui sont consacrés" seront également une belle opportunité pour rendre hommage à une belle plume algérienne aujourd'hui disparue, méconnue de beaucoup car victime de l'oubli et de l'ignorance. Il s'agit de Yamina Mechakra, cette femme talentueuse mais discrète, passionnée mais secrète qui s'en est allée tristement, un certain 19 mai 2013, après une période difficile vécue dans la maladie, l'oubli et l'indifférence totale malgré un parcours et un talent qui méritaient pourtant tous les honneurs. Née à Meskiana (Oum El-Bouaghi) en 1949, psychiatre de profession et écrivaine dans le sang, elle tint dès son plus jeune âge un journal intime où elle notait tout ce qu'elle voyait et entendait autour d'elle. Passionnée d'écriture, la langue la fascinait et elle la maniait admirablement, lui ajoutant cette touche personnelle de prose mêlée à de l'histoire, de poésie mêlée au vécu, qui nous donneront à lire La grotte éclatée, un roman paru en 1979, préfacé par Kateb Yacine, cet "ancêtre" comme elle aimait à l'appeler et qui laissera aux générations à venir cette phrase mythique : "À l'heure actuelle, dans notre pays, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre". Et Kateb ne croyait pas si bien dire car, encore à l'heure actuelle, en 2018, il est nécessaire, voire capital de (re)lire et donner à lire ces femmes qui écrivent et ces femmes qui créent et ce n'est que justice que Ramaje se souvienne de Yamina Mechakra et veuille la réhabiliter en créant ce nouveau prix littéraire à son effigie. Une auteure de talent qui a marqué la littérature algérienne d'expression française malgré le peu de ses publications, car, preuve en est, la qualité prime sur la quantité. Son deuxième roman Arris, paru en 1999, donnera encore raison à Kateb Yacine qui avait décelé en elle cette graine d'écrivaine qu'aujourd'hui encore, éditeurs et rencontres littéraires tentent de déceler à leur tour. La plume de Mechakra a été imprégnée de l'histoire de l'Algérie coloniale et sa verve poétique est née dans ce milieu révolutionnaire où elle a baigné toute jeune et dans lequel elle a puisé sa force d'écriture et son talent de narratrice marqués par la cruauté et la violence de la colonisation subies dans sa chair et transmise à ses lecteurs. Il en est ainsi de la littérature qui est, comme dirait l'écrivain et journaliste Fernando Pessoa "la preuve que la vie ne suffit pas." Et à l'issue de ces deux journées de rencontres, il sera question de ce nouveau concours du "Prix Yamina-Mechakra" du roman en trois langues (arabe, tamazight et français), présidé par Rabia Djelti, Lynda Koudache et Maissa Bey et dont on connaîtra les modalités et procédure de participation le 2 septembre. Samira Bendris-Oulebsir