Au moment où le ministère de l'Agriculture continue à affirmer que les produits agricoles écoulés dans le pays ne sont pas à l'origine de l'épidémie de choléra qui sévit dans certaines régions du pays, l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) ne semble pas partager cette thèse et rétorque que les fruits et légumes irrigués par une eau polluée peuvent être la source d'une propagation de cette maladie. On assiste ainsi à une vive polémique à distance et par médias interposés entre deux institutions publiques qui en rajoute à la cacophonie ambiante, née de l'absence de maîtrise de la communication officielle sur la maladie. Ainsi, dans son dernier point de situation sur le choléra, l'Institut Pasteur d'Algérie a considéré que "la contamination de fruits (pastèque, melon non lavés) ou légumes pouvant être consommés crus (carotte, concombre, salade, tomate, betterave), irrigués par une eau polluée par les matières fécales est également suspectée". L'IPA, qui a recommandé aux citoyens de laver abondamment les légumes et les fruits avec de l'eau propre additionnée de quelques gouttes d'eau de Javel, a, en revanche, signalé que l'eau potable distribuée dans les canalisations contrôlées (AEP) de l'Algérienne des eaux "est de bonne qualité bactériologique et donc non incriminée dans cette épidémie de choléra". Ces informations fournies par cette structure vont à l'encontre de celles livrées par le ministère de l'Agriculture qui, il y a quelques jours, a rassuré les citoyens sur la qualité des fruits et légumes produits en Algérie. Ces produits sont "indemnes" et "l'eau d'irrigation absorbée par les plantes ne représente pas de danger pour les productions agricoles", a déclaré le ministère de l'agriculture. "Les fruits et légumes ne constituent pas un milieu ambiant d'évolution du vibrion cholérique", a indiqué, en outre, le département ministériel qui invite tout de même les consommateurs à respecter les conditions d'hygiène requises, à savoir le lavage des fruits et légumes avant leur consommation. Un chassé-croisé de déclarations, peu rassurantes, qui n'est pas passé inaperçu auprès des observateurs et acteurs de la santé publique, comme en témoigne le commentaire du président du syndicat des praticiens de la santé publique, Lyes Merabet, sur son compte facebook. "Cette contradiction entre deux institutions du pays s'ajoute à la longue liste d'autres déclarations contradictoires, fantaisistes et erronées faites par différentes autorités sanitaires et ministérielles qui semblent s'emmêler les pinceaux dans la gestion de cette épidémie", a-t-il affirmé. Qui croire dans ce cas, le ministère de l'Agriculture, en charge du secteur, ou alors l'Institut Pasteur d'Algérie dont l'expertise fait autorité en matière sanitaire ? Ce que ce dernier clame, d'ailleurs, en affirmant qu'il "dégage toute responsabilité quant à la diffusion d'informations non vérifiées émanant d'autres sources", hormis celles contenues sur son site officiel. A. R. [email protected]