L'épidémie de choléra continue de susciter des inquiétudes au sein de la population. La psychose a gagné d'autres localités du pays. En dépit des assurances «tardives» des autorités sanitaires et locales, la situation épidémiologique reste inchangée. A Bouira, où deux cas de choléra ont été confirmés par l'Institut Pasteur, les autorités locales ont estimé que la dégradation des conditions d'hygiène sont à l'origine de cette maladie. L'annonce a été faite la semaine passée par le wali, Limani Mustapha, qui semble ignorer les données du secteur de santé affirmant que la wilaya n'a enregistré que quatre cas suspects alors que le ministère de tutelle avait souligné que six personnes ont été admises dans les hôpitaux. En plus de l'immobilisme des pouvoirs publics quant à l'amélioration des conditions de vie dans des localités éloignées et même au niveau des quartiers, les services agricoles qui ne se sont pas encore manifestés sur le terrain pour mettre fin aux agissements de certains agriculteurs véreux qui continuent d'irriguer leurs champs avec des eaux usées, et ce, au vu et au su des autorités. Les services de la gendarmerie ont saisi jeudi des pompes utilisées pour l'irrigation de champs de pommes de terre et d'arbres fruitiers, au niveau des localités de Aïn Laloui et Aïn Lahdjer, à une dizaines de kilomètres à l'ouest de Bouira. Le recours à ce mode d'irrigation interdit mettant la santé du consommateur en danger est récurent au niveau de la wilaya de Bouira. Deux semaines sont passées depuis que les premiers cas de choléra ont été signalés, les marchands de fruits et légumes sont pratiquement boudés par les consommateurs. Hier, au marché de la ville de Bouira, des commerçants se plaignaient de la lenteur avec laquelle leurs marchandises s'écoulaient, et ce, en dépit d'une baisse sensible des prix. «Depuis plusieurs jours, les marchés de gros n'ont pas été suffisamment approvisionnés, notamment en fruits», a témoigné un commerçant. D'autres s'interrogent sur le fait que le flou continue d'entourer la gestion de cette épidémie. Le dernier communiqué émanant de l'Institut Pasteur d'Alger (IPA), suspectant la contamination de fruits et légumes irrigués avec des eaux polluées et qui seraient à l'origine de la propagation de cas de choléra, notamment à Blida, illustre parfaitement la gestion hasardeuse de cette crise. L'IPA a clairement précisé dans son communiqué, rendu public jeudi dernier, que la contamination de fruits notamment la pastèque et le melon non lavés, ou des légumes pouvant être consommés crus, irrigués avec une eau polluée par les matières fécales, est également suspectée. «Le communiqué de l'Institut Pasteur contredit le ministère de l'Agriculture qui avait pourtant assuré à maintes fois, que les eaux destinées à l'irrigation des champs de fruits et légumes sont propres», s'est interrogé un biologiste, ajoutant que seul l'Institut Pasteur est habilité à se prononcer sur l'origine de la propagation de cette maladie ayant installé un climat de panique au sein de la population.