La décision de l'APC de Boumerdès de louer le marché a soulevé le courroux des commerçants. La section syndicale du marché de gros de Khemis El-Khechna, affiliée à l'Ugta, s'est élevée, dans une lettre adressée au wali de Boumerdès, contre la location du marché de gros, décidée par l'APC. Cet établissement régional, créé en 1988 pour réguler le marché des fruits et légumes, représente une ressource importante pour cette commune de 90 000 habitants. Les représentants des 63 travailleurs qui exercent au niveau de cet établissement affirment ne pas comprendre les motivations réelles qui ont conduit l'APC à soumettre cette proposition à la wilaya, alors que le marché n'est pas dans une situation de déficit et possède tous les atouts pour dégager des rentrées financières considérables au profit de la commune. La section syndicale constate également que la situation financière de l'établissement est en constante évolution et peut s'améliorer davantage, si une politique rigoureuse de gestion venait à être appliquée par les gestionnaires qui ont la charge de veiller au respect de la réglementation, mais aussi et surtout la responsabilité de récupérer les créances détenues par les locataires des carreaux. La somme globale de ces créances s'élèvent à plus de 8 millions de dinars sans compter les loyers des emplacements pour la plupart non payés. Les salaires, généreusement “pompés” , sont eux aussi devenus un autre fardeau, déséquilibrant la situation financière de l'établissement, puisque ils représentent 19 millions de DA, soit plus de 50% du chiffre d'affaires de l'établissement, qui est estimé à 35 millions de DA par mois. Curieusement, l'établissement est géré par cinq chefs de services qui ont vu leur salaire augmenter récemment pour atteindre plus de 30 000 DA chacun, alors que, selon Djellouli Mohamed, actuel directeur du marché, cette structure nécessite un seul chef de marché, un comptable et un caissier, sans parler de l'ancien directeur, détaché actuellement auprès de l'APC et dont le salaire est pris en charge sur le budget de l'établissement. L'on apprend aussi que les gestionnaires qui se sont succédé au niveau de cette structure n'ont jamais pris réellement les mesures de dissuasion nécessaires pour récupérer les créances auprès des acquéreurs de carreaux. Au lieu de s'attaquer aux causes qui empêchent le développement de ce marché, l'APC n'a pas trouvé mieux, selon les syndicalistes, que d'opter pour une démarche à gros risques qui compromet le devenir de 63 familles et met en péril le pouvoir d'achat des citoyens. La version du maire Le maire justifie sa décision par le fait que ce marché est source de nombreux problèmes pour la commune. C'est aussi l'avis des membres de la section syndicale qui nous ont indiqué que des personnes agissent pour leurs propres intérêts dans le but d'enfoncer davantage la situation du marché et justifier par la suite sa location, voire sa vente. Selon la section syndicale, le marché de gros est très convoité. Pour étayer leurs propos, les syndicalistes exhibent des documents comptables qui font ressortir une nette amélioration de la situation financière de l'établissement depuis que la section syndicale contribue à redresser la situation. Quant à M. Djelloul, le directeur du marché, il semble résigné à mettre de l'ordre dans la maison pour peu qu'on l'aide dans sa tâche. “Je peux améliorer la situation à condition qu'on ne me mette pas de bâtons dans les roues. Il faut que les gens payent leurs créances et le conseil d'administration doit revoir les tarifs des prestations qui n'ont jamais été actualisés”, a-t-il indiqué. M. T.