"Beaucoup a été dit sur ce film. Sa projection n'a pas été interdite", a soutenu le ministre des Moudjahidine, jeudi à l'APN, en marge des travaux de la plénière consacrée aux questions orales, à propos de la polémique autour du film sur Ben M'hidi. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il a expliqué que tous les projets de longs métrages, courts métrages, documentaires ou ouvrages sur la Révolution nationale, financés par le ministère des Moudjahidine, sont soumis, sans aucune exception, à l'avis d'un conseil scientifique, composé de spécialistes de l'histoire, et du comité de lecture. Le film biographique sur la vie et le parcours de Larbi Ben M'hidi a suivi obligatoirement ce cheminement. "Avant le début du tournage, le scénario a été exposé à cette commission qui l'a validé, à condition qu'il soit respecté in extenso ainsi que les clauses du contrat qui lie le réalisateur au Centre national des études et des recherches sur le mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954. Après le visionnage, la commission, élargie, a émis des réserves sur certains faits rapportés dans le film qu'elle a signalés au réalisateur. Elle n'a pas demandé l'annulation de la projection du film, mais de corriger ce qu'elle a considéré comme des falsifications de l'histoire", a rapporté le membre du gouvernement. "Si le scénario validé par la commission de lecture avait été respecté, cette polémique n'aurait jamais eu lieu", a-t-il poursuivi. Sans identifier franchement les séquences et les scènes du long métrage qui ont réellement dérangé, Tayeb Zitouni a reconnu : "Ceux qui ont fait la Révolution ne sont ni des anges, ni des prophètes, ni des messies. Ce sont des êtres humains qui se trompent. Mais nous ne devons pas les stigmatiser. Nous avons le devoir de livrer notre histoire de la manière qui soude les liens du peuple." Comme pour fermer la parenthèse, il a indiqué que le réalisateur, Bachir Deraïs, s'est réuni, mercredi, avec les membres du conseil scientifique et ceux du comité de lecture au Centre national des études et des recherches sur la guerre de Libération nationale pour examiner les points d'achoppement. "D'après les informations qui m'ont été transmises, nous sommes sur la bonne voie. Le réalisateur a exprimé une disposition à aller vers le compromis", s'est-il réjoui. Contacté hier, Bachir Deraïs a donné davantage de détails sur la teneur de la rencontre. "Les membres de la commission m'ont demandé l'origine des archives et des documents sur lesquels je me suis fondé pour rajouter quelques scènes dans le film. J'ai exposé mes arguments", a affirmé notre interlocuteur. "J'ai corrigé quelques erreurs sur des dates historiques et la commission a validé le rajout de scènes sur l'enfance de Ben M'hidi à Biskra", a-t-il ajouté. Il reste à aplanir le désaccord autour de la séquence-restitution de l'altercation entre Larbi Ben M'hidi et Ahmed Ben Bella. "Les membres de la commission estiment que la scène est violente. Je suis déterminé à ne pas céder sur la coupure. J'ai toute la documentation qui atteste de sa véracité", nous a déclaré le réalisateur. Il a informé qu'une deuxième réunion est programmée pour ce dimanche afin de trancher la question. "Je pense que la situation sera débloquée. La commission a assoupli relativement sa position après avoir entendu mes arguments", a-t-il pronostiqué. Souhila H.