La grande salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou s'est avérée trop exiguë pour accueillir “la grande famille” de la JS Kabylie venue débattre de la situation actuelle du club et envisager d'éventuelles solutions pour un avenir meilleur. Jamais au grand jamais, un rassemblement n'aura réuni autant de figures emblématiques de la JSK puisque les Khalef, Iboud, Menad, Aouis et autre Derridj ont tenu à marquer de leur présence et de leur voix cette rencontre. Mieux, d'anciennes gloires du club que l'on n'avait plus vues depuis longtemps, à l'image des Cerbah, Dali, Kouffi, Ferhat et autres Adghigh et Naït Yahia ont pris part à de chaudes retrouvailles pour émettre des avis sur l'état de santé d'un “dénominateur commun” appelé JSK. Et les organisateurs tout comme les participants à cette réunion auront regretté, de vive voix, l'absence du président Hannachi pour “laver le linge sale” en famille. Comme l'ont souligné d'ailleurs plusieurs intervenants qui auront regretté amèrement que tout le linge eut été déballé sur la place publique par médias interposés. La réunion aura duré plus de quatre heures et les débats furent tantôt passionnés, tantôt bien orientés mais, d'une manière générale, la sagesse et la raison l'auront emporté sur la colère et la frustration des uns et des autres. De nombreux intervenants, qui ont eu d'ailleurs à féliciter les animateurs du mouvement citoyen pour avoir organisé cette réunion, ont exprimé leur frustration et surtout leur marginalisation dans la vie d'un club à qui ils ont tout donné. Après avoir convenu d'un bureau de séance composé des Khalef, Mederres, Iboud, Menad, Rezgui, Chernaï, Lahcène, Derridj et le Dr Aït Mohamed, la parole fut donc donnée à de nombreuses “gloires” du club qui ont rappelé, pour la plupart, l'histoire glorieuse du club kabyle et ont regretté qu'il soit dévié, ces derniers temps, de son esprit d'antan. “La boxe, le judo, la natation et l'athlétisme ont disparu pour ne laisser place qu'à une section de football au budget colossal et aux résultats insuffisants”, ont martelé plusieurs intervenants. “Il n'y a pas d'opposition à la JSK, mais il y a un mécontentement, car le président Hannachi a accumulé, ces dernières années, des maladresses qu'il doit assumer. C'est pour cela qu'il faut réajuster le tir pour remettre la JSK sur des bases solides, ce qui nécessite un changement radical. À ce titre, il faut interpeller la DJS de Tizi Ouzou pour qu'elle s'assume officiellement dans cette phase critique de l'histoire de la JSK. Personnellement, je suis pour le changement et le président de la JSK doit être compréhensif dans l'intérêt du club, lui qui a beaucoup donné pour la JSK”, dira encore Khalef. “Personnellement, je n'ai aucun problème avec Hannachi qui fut mon coéquipier durant de longues années, mais je suis contre sa politique de gestion”, dira à son tour Iboud. “Nous l'avons interpellé plusieurs fois mais en vain. Nous aurons voulu qu'il soit parmi nous pour laver le linge sale en famille, mais il nous a encore tourné le dos. Il n'est pas là parmi nous mais nous irons le voir s'il le faut”, dira encore Iboud comme pour reprendre plusieurs propositions de dégager une délégation composée du bureau de séance pour l'inviter à convoquer une AG extraordinaire du club et envisager ensuite une AG élective. “La boxe était aussi une grande fierté de la JSK, mais elle a été délaissée et notre champion du monde Yassa, ici présent, rêve de disputer son titre sous les couleurs de la JSK”, clamera le manager Mederres Khelifa sous les acclamations du public. Saïd Lahcène, ex-champion d'Afrique de judo, enchaînera pour dire que “la section judo de la JSK a remporté 15 titres de champion d'Algérie et un titre de champion du Maghreb, mais voilà que le judo n'existe plus à la JSK”. D'autres voix, beaucoup plus tranchantes, des Amara, Yousfi, Younsi, Nesnas, Rezgui, Karouf et Rahmouni n'ont pas fait le moindre détour pour affirmer que “Hannachi a échoué, il doit partir”, tout en exigeant de la DJS de Tizi Ouzou de prendre ses responsabilités et d'appliquer la réglementation. Pour sa part, Akli Benmedjbar, ancien dirigeant, dressera un véritable réquisitoire sur la gestion actuelle de la JSK basée sur de nombreuses carences, dit-il, telles que l'instabilité des effectifs, le recrutement massif et fort onéreux de vedettes et le délaissement des jeunes catégories et d'autres disciplines qui ont fait la gloire de la JSK. Pour sa part, l'actuel entraîneur adjoint de la JSK, Kamel Aouis, a tenu, lui aussi, à honorer de sa présence cette “réunion de famille” comme il a eu à le dire. “Je suis heureux de me retrouver parmi les miens et j'espère que de telles réunions ne feront que servir l'intérêt suprême de la JSK, une famille que j'ai déjà servie comme joueur, puis dirigeant et aujourd'hui en tant qu'entraîneur. Quelle que soit l'équipe qui sera en place la saison prochaine, j'espère seulement que la JSK ira de l'avant et retrouvera sa gloire d'antan”, dira encore Aouis avec sa sagesse habituelle. Certes, les débats furent longs et certains supporters ont aussi pris la parole pour proposer des solutions de sortie de crise alors que faute de temps, de nombreux participants étaient visiblement frustrés de ne pas pouvoir prendre la parole. Il était déjà 21 h passé, et l'ont s'est accordé finalement à mandater le bureau mis en place à l'occasion de cette réunion pour prendre attache avec le président Hannachi et lui proposer la tenue d'une AG extraordinaire et l'éventualité d'une AG élective afin d'injecter du sang neuf à une JSK certainement condamnée à se ressourcer et, surtout, à se réconcilier avec tous ses “enfants”. L'essentiel est que l'intérêt suprême de la JSK l'emporte sur tout autre considération, comme l'ont signalé de nombreux intervenants à l'issue d'une réunion très conviviale où le sport et seul le sport aura été présent au cœur du débat. MOHAMED HAOUCHINE