L'Arabie saoudite et ses deux alliés israélien et américain ont tout tenté pour écarter le Hezbollah du pouvoir. Mais le parti chiite dispose d'une assise populaire forte et d'une force militaire digne d'une armée régulière. Les Libanais sont toujours en attente d'un nouveau gouvernement, 5 mois après la désignation de Saad Hariri au poste de Premier ministre, afin de former un exécutif capable de sortir le Liban de la crise, dans un contexte régional difficile. La rencontre prévue dans quelques jours, entre le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné M. Hariri, s'annonce déjà difficile, en raison des rivalités opposant les parties libanaises. Selon le quotidien francophone local L'Orient Le Jour, "la volonté du camp Courant patriotique libre-président de la République de s'assurer le tiers de blocage au sein de la nouvelle équipe ministérielle au nom du "mandat fort" et de la "présidence forte", pomme de discorde principale" est l'une des raisons du retard pris dans la formation du nouvel exécutif. "Michel Aoun et son gendre Gebran Bassil (ministre libanais des Affaires étrangères et des Emigrés) tiennent à nommer le député Tallil Areslan au poste de troisième vice-président, déclenchant la colère de Walid Jomblatt, leader du Parti socialiste populaire", a rapporté le quotidien arabophone Al-Akhbar, citant des sources proches de Aoun. S'en est suivi un échange houleux d'accusations sur les réseaux sociaux et par médias interposés, laissant ainsi entendre qu'aucun camp n'est prêt à céder pour former un gouvernement dans les prochains jours. Et contrairement à ce que veut l'Arabie Saoudite, en guerre permanente contre les chiites, un rapprochement se serait opéré entre le parti chiite, le Hezbollah, et Saad Hariri ces dernières semaines, à en croire les médias locaux. "Les contacts entre Hariri et Hussein al-Khalil, l'assistant politique du secrétaire général du Hezbollah, ne connaissent pas de répit. Tous les dossiers, les plus petits et les plus grands, y sont évoqués", a rapporté al-Manar, le groupe de médias du parti chiite, relayant une information publiée par Al-Akhbar. Pour rappel, la formation d'un nouveau gouvernement devait avoir lieu avant l'été dernier, mais les frictions au sein de la classe politique libanaise ont empêché Saad Hariri de trouver un compromis avec ses alliés et ses rivaux, alors que la situation socioéconomique du pays ne cesse de se dégrader. La Banque mondiale n'a pas manqué de souligner la fragilité de l'économie libanaise fin juillet dernier, en raison de la crise politique qui mine le pays depuis 7 ans maintenant. S'y ajoute un contexte régional explosif, marqué par la persistance de la guerre en Syrie voisine et un bouleversement géopolitique qui ajoute de la pression à Beyrouth, contraint chaque fois de se positionner, parfois au détriment de ses intérêts internes. Lyès Menacer