"La vie est une succession d'expériences, et l'esprit vif est celui qui sait tirer profit des erreurs d'autrui", a souligné le chef d'état-major de l'ANP. Que peut bien signifier le mouvement de changement, sans précédent, qui touche depuis quelques semaines la hiérarchie militaire ? Alors que le remue-ménage continue à faire jaser dans les chaumières, le général de corps d'armée, chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, sous les feux de la rampe depuis quelques mois, continue à cultiver le mutisme sur les vrais raisons à l'origine de ce qui s'apparente à une vaste opération d'assainissement, mais dont les enjeux demeurent opaques. C'est ainsi qu'il ne confirme, ni n'infirme les "fuites" dans la presse faisant état de perquisitions opérées aux domiciles de cinq généraux-majors récemment limogés et frappés d'interdiction de quitter le territoire. Mais hier, à l'installation officielle du général-major, Hamid Boumaïza, nouveau commandant des forces aériennes, en remplacement du général-major, Abdelkader Lounès, officiellement "mis à la retraite", Ahmed Gaïd Salah a lancé quelques messages sibyllins qui tranchent singulièrement avec l'argumentaire de "la tradition d'alternance" et les critères de "compétence" évoqués récemment pour justifier les premiers changements opérés. "La vie est une succession d'expériences, et l'esprit vif est celui qui sait tirer profit des erreurs d'autrui, et c'est partant de cette optique précisément, qu'intervient ma réunion avec vous en cette occasion, afin de m'assurer que mes paroles ont trouvé leur voie vers vos cœurs et vos consciences, et je suis convaincu que ce que je dis ne peut être ancré dans les esprits que si le cadre militaire responsable ressent qu'il n'est pas un simple fonctionnaire qui se contente des heures de travail réglementaires pour ensuite vaquer à ses occupations", a affirmé Gaïd Salah dans son allocution de circonstance. Selon lui, le cadre militaire, notamment celui à qui incombent de lourdes responsabilités qui affectent directement la nature des missions assignées, qui influent systématiquement sur la cadence des efforts consentis pour le développement, qui a un lien direct certain avec le moral des personnels, leur préparation, leur formation, leur sensibilisation et leur niveau et qualité de vie, et qui se répercutent également sur la préservation des infrastructures et la maintenance du matériel et des équipements dont il dispose, "je dis que ce cadre militaire est celui qui est plein d'esprit de responsabilité et qui est convaincu du sens du devoir, prouvant effectivement et sur le terrain qu'il est digne de la confiance placée en lui". "Car la responsabilité n'est pas un poste avec lequel se vanter ou un grade avec lequel se flatter, la responsabilité est un ensemble de réelles qualifications, de conduite exemplaire, de comportement irréprochable et de commandement rationnel", a-t-il souligné. En évoquant la "confiance", la "conduite exemplaire", le "comportement irréprochable" et le "sens" de responsabilité, Ahmed Gaïd Salah suggère implicitement que ces valeurs ont fait défaut pour certains. Mais que leur reproche-t-on au juste ? Pour l'heure, c'est silence et boule de gomme. Juste qu'il suggère encore que tout un chacun est jugé sur son bilan. Karim K.